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DES RAPPORTS
DE L'ECONOMIE POLITIQUE
AVEC
LA MORALE, LE DROIT ET LA POLITIQUE

Les juristes et leur principal organe dans la presse ont vivement attaqué le projet d’introduire l’enseignement de l’économie politique dans les facultés de droit et de rendre l’étude de cette science obligatoire pour tous les étudians qui se destinent au barreau. L’économie politique, a-t-on dit, n’est pas une science, c’est un recueil d’opinions souvent contradictoires dont aucune n’est susceptible d’une démonstration rigoureuse : ce n’est que de la littérature du genre ennuyeux. Pourquoi imposer aux élèves en droit une étude qui n’a aucun rapport avec les Institutes ou le code civil, et qui par conséquent ne leur sera d’aucune utilité dans le reste de leur carrière ? Ces attaques ont été reproduites jusque dans l’assemblée de Versailles, où elles ont provoqué une réponse brève, mais éloquente et décisive, de la part de M. Léonce de Lavergne.

Depuis lors, l’économie politique a été inscrite parmi les matières qu’enseignent les facultés de droit ; mais les juristes n’ont pas fait, m’assure-t-on, bon accueil à l’intrus. Plusieurs chaires ne sont pas encore occupées, d’autres le sont provisoirement par des professeurs très instruits sans doute, mais qui ne s’étaient guère appliqués aux études économiques. Il serait urgent que le ministère actuel, qui renferme des hommes si dévoués aux intérêts de l’enseignement supérieur, s’occupât de cette question, dont l’importance est plus grande qu’on ne le pense. En effet, je crois pouvoir démontrer que les derniers malheurs de la France et la crise si