les deux feuilles d’or d’un électroscope sert de même à tracer sur le papier sensible deux courbes dont l’écartement accuse l’état électrique de l’atmosphère. C’est le système employé à Kew ; à Montsouris, on fait usage d’un électromètre photographique construit par M. Salleron, qui est fondé sur un autre principe.
On comprend sans peine que des dispositions analogues permettent d’obtenir par la photographie une représentation exacte de tous les phénomènes physiques ou physiologiques qui se manifestent par des mouvemens visibles. M. Stein propose, par exemple, d’enregistrer de cette manière le niveau des marées, qui est marqué dans beaucoup de ports par un crayon fixé à la tige verticale d’un flotteur.
Citons encore, à ce propos, l’appareil ingénieux que M. Neumeyer, chef du bureau hydrographique de Berlin, a fait construire pour l’étude des courans sous-marins et la détermination de la température au fond de la mer. Une boîte cylindrique de cuivre, que l’on suspend à une ligne de sonde, renferme un thermomètre et une boussole, que des tubes de Geissler convenablement disposés permettent d’illuminer d’une lueur violette, due au passage d’une série d’étincelles électriques dans l’azote raréfié. Cette lueur suffit à marquer en moins de trois minutes, sur du papier sensible, l’image de la colonne de mercure et la position de l’aiguille aimantée. Une sorte de fanon ou de gouvernail fixé à la boîte sert à maintenir la ligne de foi de la boussole dans la direction du courant.
M. le docteur Forel a eu recours au même moyen pour étudier les causes qui font varier périodiquement la transparence des eaux du lac Léman. C’est un fait assez connu que les eaux des lacs sont plus transparentes en hiver qu’en été ; mais l’on n’est pas d’accord sur l’explication qu’il faut donner de ce phénomène, et il s’agissait avant tout pour M. Forel d’obtenir sur la grandeur des variations de la transparence des données numériques d’une certaine précision. L’une des méthodes dont il a fait usage consiste à déposer sur le fond du lac un appareil où se trouve enfermée, sous une glace, une feuille de papier photographique ; on l’y laisse un ou deux jours, exposé aux rayons solaires à travers l’épaisseur de l’eau, et l’on examine ensuite l’effet qu’a produit la lumière ainsi tamisée. M. Forel noyait toujours l’appareil pendant la nuit, et le relevait également de nuit ; une bouée en marquait la place dans l’intervalle. Une moitié de la feuille était protégée contre l’action de la lumière par un écran, afin de rendre plus sensibles par le contraste les traces de coloration que pouvait présenter la partie non protégée. L’épreuve, retirée de la boîte, est fixée par l’hyposulfite de soude, et la vigueur de la coloration appréciée par