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passage important : « L’exploitation ; directe par l’état avait aux yeux au gouvernement de tels inconvéniens, nous dirons, plus, de tels dangers, qu’avant de s’engager dans ce système, il voulait examiner de nouveau s’il n’était pas possible d’arriver à quelque autre combinaison qui satisfît mieux à toutes les exigences de l’intérêt public. » Parmi ces combinaisons figure le système des compagnies fermières ; le ministre le combat dans des termes qui sont et seront toujours vrais. « L’on ne peut se dissimuler d’ailleurs, dit-il, qu’à raison du capital comparativement faible que la compagnie fermière a seulement besoin de réunir, il n’y a peut-être pas dans le fermage des garanties suffisantes d’une bonne et intelligente gestion. Les compagnies concessionnaires, qui paient en totalité ou en grande partie la dépense des chemins de fer, ont un véritable intérêt à améliorer le domaine de ces chemins, à leur faire produire, avec profit pour le pays, tous les revenus dont ils sont susceptibles. Une compagnie fermière dont l’existence doit cesser au bout d’un petit nombre d’années peut ne songer qu’à une chose, — à faire pendant la durée de son bail les plus gros bénéfices possibles, sans s’inquiéter des perfectionnemens que l’intérêt du public pourrait réclamer. »

Le rapporteur de la commission de l’assemblée nationale, l’honorable M. Emmery, aujourd’hui inspecteur général des ponts et chaussées, conclut à l’adoption du projet en insistant à la fois sur la nécessité d’ouvrir au public le plus promptement possible des lignes dont les travaux étaient achevés et sur le caractère provisoire de l’exploitation par l’état. La discussion fut très courte : le ministre insista sur les avantages qu’il attendait de la création d’une commission chargée de l’éclairer dans toutes les questions que l’administration aurait à résoudre. « Entre les innombrables demandes qui abondent dans les ministères, conclut-il, le ministre seul aurait de la peine à choisir… La seule annonce de l’exploitation par l’état semble un appel fait à toutes les ambitions, à toutes les oisivetés. »

L’administration des travaux publics se mit à l’œuvre et s’occupa de constituer les commissions prévues par les lois qu’elle venait d’obtenir. Pour la ligne de Chartres, la commission ne devait se composer que de deux membres nommés l’un par le ministre des finances, l’autre par le ministre du commerce ; pour les sections du chemin de Paris à Lyon, la commission devait comprendre neuf membres.

Les arrêtés réglant les tarifs dans les limites des maximums fixés par les lois des 16 juillet 1845 et 21 juin 1846 ne devaient être rendus que sur l’avis de ces commissions. Les hommes les plus éminens furent désignés pour ces deux commissions. Celle du