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cape Farewell (cap de l’Adieu) la pointe extrême vers l’entrée du détroit qu’il avait traversé.

Depuis le matin où la terre fut signalée, près de six mois se sont écoulés ; le temps a été bien mis à profit par le commandant de l’Endeavour et ses compagnons les naturalistes. La région, jusqu’alors tout à fait inconnue, intéressante au plus haut degré par la situation géographique, par la beauté de la végétation, par le caractère du peuple qui l’habite, est maintenant dépeinte d’une façon remarquable. La relation du voyage de Cook, Banks et Solander, ayant été écrite non-seulement d’après le journal du commandant, mais aussi à l’aide des notes particulièrement instructives de Joseph Banks, présente un attrait qu’on n’avait pas encore rencontré dans un ouvrage du même genre[1]. L’étendue et la configuration des grandes terres qui composent la Nouvelle-Zélande se trouvent tracées avec exactitude. Les sinuosités de la côte, les contours de la plupart des baies de Te-Ika-a-Mawi, ont été relevés avec soin, mais on a été obligé de compter les jours, et les côtes de Te-Wahi-Pounamou n’ont pas été observées dans le détail. Les aspects du pays, tour à tour tristes, jolis, agréables ou grandioses, sont décrits d’une manière saisissante. La variété de la flore, l’absence d’animaux de la classe des mammifères, la médiocre diversité des espèces d’oiseaux et d’insectes, la présence d’une plante qui fournit une fibre textile brillante comme la soie, l’abondance des poissons de la mer, sont indiquées. Si les plantes et les animaux recueillis par Banks et Solander vont simplement aller se confondre dans les musées et les ouvrages descriptifs avec les espèces de toutes les parties du monde, c’est que personne ne conçoit encore l’idée de. la géographie physique ; l’époque n’est pas venue où les êtres d’une région, comparés dans l’ensemble à ceux des autres régions du globe, feront la lumière sur la nature de la contrée dans le temps présent et dans les temps anciens. La douceur du climat, la fertilité du sol, sont constatés ; le capitaine Cook prévoit qu’une colonie européenne pourrait prospérer sur ces vastes îles de la mer du sud. À l’égard des habitans, déjà s’est faite une certaine clarté. On soupçonne que tous n’appartiennent pas à la même race, que les hommes ont pris possession de la Nouvelle-Zélande à une date peu reculée, que durant de longs siècles le pays n’eut pas dans la création animée de maîtres plus puissans que les oiseaux. La ressemblance de l’idiome des Néo-Zélandais avec celui des Taïtiens a fourni la preuve de la communauté d’origine des divers

  1. An account of the voyages undertaken by order of his present Majesty, etc., by John Hawkesworth ; vol. II et III (1773).