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jusqu’ici on ait toujours sacrifié le résultat au moyen, l’œuvre à l’ouvrier et la fonction au fonctionnaire. Il est grand temps de faire l’inverse, de se préoccuper surtout du but qu’on doit atteindre, qui est la satisfaction la plus complète et la plus rapide des besoins du public. C’est à ce but que doit être subordonné tout l’organisme administratif.

Ces principes généraux sont applicables à l’administration des forêts comme à toutes les autres ; mais l’annexion de celle-là au ministère de l’agriculture et du commerce lui offre de plus l’occasion d’opérer certaines réformes spéciales que nous allons examiner, et pour l’étude desquelles nous nous servirons en grande partie d’un travail très bien fait publié par M. Tassy[1], professeur à l’Institut agronomique, bien que nous ne partagions pas sur tous les points l’opinion de l’auteur.


II

L’administration forestière, telle qu’elle fut constituée par l’ordonnance de 1669, formait dix-huit arrondissemens forestiers ou grandes maîtrises, subdivisées elles-mêmes en 134 maîtrises. Chacune de celles-ci était composée d’un maître particulier, d’un lieutenant, d’un garde-marteau, d’un garde-général, de deux arpenteurs et d’un nombre indéterminé de simples gardes. Elle comprenait en outre un procureur du roi, un greffier, un receveur des amendes, un collecteur et un certain nombre d’huissiers, Ainsi, tout en étant chargée de la régie des forêts, elle était organisée en corps judiciaire et faisait elle-même les recouvremens. Ses tribunaux, dont la juridiction s’étendait sur tout le domaine forestier de l’état, jugeaient non-seulement les questions administratives, mais aussi les questions de propriété et prononçaient contre ceux qui commettaient des délits les peines édictées par l’ordonnance. Cette organisation subsista jusqu’en 1790, époque à laquelle la connaissance es délits et celle des affaires civiles fût donnée aux tribunaux ordinaires, et celle des questions administratives à des corps spéciaux créés pour cet objet. On sépara également la gestion forestière proprement dite de la perception des revenus, qui fut confiée aux administrations exclusivement financières. En 1801, le premier consul supprima les anciennes dénominations, créa 5 administrateurs, 30 conservateurs, 200 inspecteurs, 300 sous-inspecteurs, 300 gardes-généraux, 8,000 gardes et arpenteurs. Ce fut un grand progrès sur ce qui existait jusqu’alors ; malheureusement l’administration fut

  1. La Réorganisation du service forestier, par M. Tassy, broch. in-8o ; 1875.