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la gestion du domaine forestier de l’état et en compromettait l’existence, les premiers par conséquent ils ont fait comprendre, quoique sans oser le dire encore, que ce n’est pas du ministère des finances, mais de celui de l’agriculture, que l’administration forestière doit faire partie pour pouvoir rendre les services qu’on est en droit d’en attendre. L’idée a germé, elle a fait son chemin, et aujourd’hui qu’elle vient de triompher il est juste de leur en attribuer tout l’honneur.

Quels doivent donc être les effets de cette translation, et quelles sont les mesures à prendre pour donner aux intérêts culturaux la prédominance sur les intérêts fiscaux ? C’est ce qui nous reste à examiner.

Nous l’avons déjà dit plusieurs fois dans le cours de cette étude, ces deux tendances contraires se sont surtout manifestées dans le mode de traitement à appliquer aux forêts. Si l’on se place au point de vue cultural, c’est en futaie qu’il faut les traiter pour en obtenir à la fois les produits les plus considérables et les plus utiles ; si c’est au point de vue fiscal, il faut au contraire en raccourcir le plus possible la révolution de manière à diminuer le capital qu’elles représentent et en obtenir le taux de placement le plus élevé : c’est alors au régime du taillis qu’il faut donner la préférence. La première conséquence de la nouvelle mesure qui vient d’être prise doit donc être l’application du régime de la futaie à toutes les forêts de l’état que des raisons particulières ne commandent pas de conserver en taillis, c’est-à-dire la mise en application du principe déjà proclamé par l’ordonnance de 1827. Cette transformation ne devra pas se faire subitement ; il faudra ménager la transition et ne pas sacrifier absolument le présent à l’avenir ; mais il faudra marcher résolument dans cette voie, en y mettant d’ailleurs tous les tempéramens nécessaires.

Ce changement de régime aura sans doute les plus heureux résultats, mais il ne suffirait pas pour mettre nos forêts en pleine valeur et pour permettre d’en tirer tous les produits qu’elles peuvent fournir. Beaucoup de ces forêts renferment des vides nombreux que l’insuffisance des ressources mises à la disposition de l’administration des forêts a jusqu’ici empêché de repeupler ; il serait indispensable de les regarnir et de transformer ainsi en terrains productifs des surfaces aujourd’hui stériles. Il faudrait pour cela doubler au moins la somme de cinq cent mille francs portée annuellement au budget pour cet objet, et ce serait de l’argent bien placé. Il en serait de même de celui qu’on emploierait à la création et à l’amélioration des routes dans les régions forestières. La difficulté des transports, en restreignant les débouchés, est la