l’odieuse protection de la loi des garanties. Par cette loi, toujours respectée de son gouvernement, l’Italie reconnaît au pape le caractère de souverain et lui assuré le bénéfice de l’inviolabilité et de l’irresponsabilité. Cette souveraineté n’est ni une fiction ni encore moins une dérision, elle n’est même pas toute personnelle et extra-territoriale, elle s’étend au palais habité par le souverain pontife. Le Vatican est dans le royaume d’Italie comme une enclave, comme un Saint-Marin ou un Monaco ecclésiastique ; les soldats italiens, la police italienne, s’arrêtent à ses portes. Le pape seul y règne, Pie IX y avait ses gardes, ses gendarmes, comme il y avait sa cour et ses ministres, comme il avait ses ambassadeurs accrédités près de sa personne. Rome et un jardin, demandait jadis pour le pape certain publiciste inspiré de Napoléon III ; un palais et un jardin, voilà ce que l’Italie a laissé à la papauté. C’est aujourd’hui le seul royaume qui lui puisse rester, un royaume où elle n’a que des sujets volontaires.
Cette souveraineté reconnue à Pie IX et à ses successeurs par l’Italie eût pu être sanctionnée par l’Europe. En 1870, le cabinet italien eût été heureux de voir à ce prix l’occupation de Rome confirmée par les puissances et acceptée du saint-siège. Pie IX ne l’a pas voulu, le non possumus ne lui permettait pas de donner à la papauté cette sécurité. La loi des garanties n’a ni la sanction des puissances ni l’agrément du saint-siège ; ce n’est ni une convention internationale engageant l’Italie vis-à-vis de l’étranger, ni un concordat liant le gouvernement italien vis-à-vis de la papauté. Ce n’est qu’une loi d’ordre intérieur qui peut être abrogée comme elle a été votée. Au lieu d’un inconvénient, ce défaut de consécration internationale est peut-être en réalité un avantage pour tous, pour l’Italie, pour l’Europe, pour l’église même. La loi des garanties eût reposé sur une convention diplomatique que la question romaine fût toujours demeurée ouverte, au grand embarras de l’Italie, au détriment de la paix intérieure des états catholiques, au grand dommage de l’église même, qui dans un tel traité n’eût vu qu’une porte à l’intervention étrangère. Dans la situation actuelle, au contraire, il n’y a pas de terrain légal pour une intervention, il n’y a plus pour la diplomatie de question romaine. Tout ce que pourrait désormais en faveur du pape un pays catholique, ce serait de lui offrir l’hospitalité, et, si faire se peut, une liberté plus grande que celle dont le saint-siège jouit à Rome.
L’Italie est maîtresse d’abroger la loi des garanties, mais elle n’a rien à gagner à cette abrogation, et le pape n’aurait pas beaucoup à y perdre. Quand on le ramènerait sous le droit commun, ainsi que le demande certain parti, le Vatican recouvrerait la liberté