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rectification qui avait paru dans le Journal officiel du 8 septembre 1870. — Avant de prendre aucune résolution, il convenait d’attendre le retour de M. de Lisa et la réponse de iM. Rouland, mais il était bon de redoubler de précaution et de prudence pour empêcher que, sous un tel prétexte, les dépôts de la JJanque ne fussent visités. Le lendemain M. de Lisa était revenu rapportant une longue lettre de M. Rouland qui contenait toutes les explications désirables. Dans la dernière quinzaine du mois d’août, au moment même où la lîanque préparait l’évacuation de son encaisse métallique, espèces et lingots, M. Rouland avait été mandé près du ministre d’état, qui lui avait proposé de recevoir en dépôt les diamans de la couronne. M. Rouland avait refusé, par ce motif très concluant qu’il s’occupait de faire transporter hors de Paris les valeurs monétaires de la Banque, parce qu’il ne les y croyait plus en sûreté et qu’il ne voulait pas courir les risques qu’entraînerait forcément la garde de tant de pierreries. Le maréchal Vaillant avait alors offert à M. Rouland de mettre à sa disposition, en lieu sûr, un local où il pourrait transférer et abriter ses richesses métalliques, à la condition qu’à ce dépôt il ajouterait celui des diamans de la couronne et que le tout serait surveillé par des garçons de recette mis sous les ordres d’un inspecteur de la Banque. Ce traité avait été conclu ; les diamans, reçus en charge par le gouverneur, étaient partis le 30 août dans les wagons qui emportaient plusieurs millions appartenant à la Banque. Les diamans et les millions étaient restés Là où on les avait déposés, c’est-à-dire à l’arsenal de Brest ; M. Rouland ajoutait en terminant sa lettre : Les membres de la commune ont tout loisir de les envoyer chercher. Ces explications furent transmises à Charles Beslay, qui s’en montra satisfait et dit au marquis de Plœuc : — Je regrette de vous avoir soupçonné. — La commune fut moins contente et estima que tous les membres du gouvernement de Versailles étaient des voleurs.

Cette négociation, que Jourde semble avoir eu l’intention de mener un peu brusquement, car il avait déclaré qu’en dissimulant les diamans de la couronne la Banque faisait acte politique et qu’ainsi elle sortait de la neutralité qu’elle invoquait chaque jour en affirmant qu’elle n’était qu’un établissement financier, cette négociation n’était point restée secrète. On en avait parlé à l’Hôtel de Ville, à la préfecture de police ; on n’ignorait pas que des mandats facultatifs d’arrestation avaient été remis à Beslay, et le bruit avait couru aux environs du cabinet de Raoul Rigault, dans la journée du 19 avril, que les principaux administrateurs de la Banque devaient être appréhendés au corps et incarcérés pendant la nuit. Un fédéré du 124e bataillon, qui était de service à la sûreté générale, entendit ces propos et vint discrètement en donner avis aux intéressés. Les régens