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LA
BANQUE DE FRANCE
PENDANT LA COMMUNE



III.[1]
LES DERNIÈRES RÉQUISITIONS. — L’ENSABLEMENT DES CAVES.

X. — le monnayage des lingots.

Les combats d’avant-poste ne cessaient plus ; jour et nuit, on entendait la crépitation des coups de fusil, à laquelle se mêlait la grosse voix du canon. Les fédérés ne ménageaient point leurs munitions ; ils en avaient en abondance et en usaient avec une prodigalité tapageuse qui les divertissait. Les journées étaient tièdes, les feuilles s’épanouissaient, les hirondelles étaient revenues ; l’impassible nature, indifférente aux colères humaines, resplendissait dans toute sa beauté. Les francs-maçons, au dernier jour d’avril, avaient momentanément planté leurs bannières sur les remparts et avaient ébauché une tentative de conciliation qui devait nécessairement avorter entre deux adversaires décidés à ne se faire mutuellement aucune concession. Paris, à la fois désert et bruyant, ressemblait à une maison de fous et dépassait en grotesque tout ce que les petits théâtres ont imaginé de plus extravagant. Au milieu de cette inondation de bêtise, de violence et d’ivrognerie qui faisait de la capitale de la France un des marais les plus abjects où jamais

  1. Voyez la Revue du 15 mai et du 1er juin.