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leuse pour assembler les conseillers des rois fils de Pélops, dont le pouvoir s’étendait sur le Péloponèse et sur les îles, et qui avaient de là sous les yeux la plus belle partie de leurs domaines.

On peut supposer que les grands de Mycènes demeuraient auprès de l’agora ; mais il est assez difficile de se représenter ce que pouvaient être leurs demeures. Je me rappelle qu’en parcourant une des collines voisines d’Athènes, j’ai pu retrouver les traces de tout un quartier de la ville antique : le roc a conservé en quelque sorte la projection des édifices détruits. Des deux côtés d’une rue étroite sillonnée par un ruisseau, on voit de petits rectangles de pierre divisés quelquefois en deux compartimens ; c’étaient les maisons, dont la plupart avaient une citerne : quelques autres semblent avoir contenu des tombeaux. Le bâtiment était sans doute en bois, comme à Constantinople et dans beaucoup d’autres villes de l’Orient, ou en pierres légères, comme sont les petites maisons blanches d’Hydra et des Cyclades. L’exiguïté de ces habitations est ce qui frappe tout d’abord : on sent un peuple vivant au dehors, amateur de fêtes, de spectacles et des bavardages de la place publique. — Telles devaient être à peu près les maisons de la Mycènes homérique : les débris trouvés par M. Schliemann confirment que le bois était le plus employé des matériaux de construction. Cependant les fouilles pratiquées au-delà de l’agora, toujours auprès de l’enceinte fortifiée, ont amené la découverte d’une demeure de grande dimension ; elle comprend sept chambres formées par des murailles cyclopéennes et reliées par des corridors. La plus grande chambre n’a pas moins de six mètres de long et quatre de large : elle paraît avoir été décorée avec soin, les parois étaient du moins couvertes d’un revêtement d’argile. Cependant l’étage qui nous reste était très certainement une sorte de cave ou de sous-sol : autrement on ne pourrait pas s’expliquer l’absence complète de fenêtres ; de plus le niveau ne laisse aucun doute à cet égard. Les chambres découvertes par M. Schliemann servaient probablement à serrer les provisions, peut-être même à chercher pendant l’été un abri contre la chaleur. Au-dessous, des citernes creusées dans le roc conservaient dans toute sa fraîcheur les eaux de la source de Persée. Au-dessus s’élevaient des constructions en bois, dont il ne reste malheureusement que des cendres et des débris carbonisés. — Les dimensions de cette demeure ont fait penser à M. Schliemann qu’elle ne pouvait avoir appartenu à un simple particulier, mais qu’elle devait avoir été la résidence des anciens dynastes pélopides, le propre palais d’Agamemnon. C’est une hypothèse, mais pas trop invraisemblable. Si le palais du roi doit être quelque part, c’est bien dans cette partie de l’acropole, dominant