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L’ENFANCE À PARIS.

peut-être pas minutieuse dans cette maison, mais la charité y est inépuisable. À certains jours, lorsque la maison célèbre une retraite qui attire d’anciennes pensionnaires ou de nouvelles arrivantes, on dort un peu partout, sur les planchers des réfectoires, dans les corridors, sur les marches de l’escalier tortueux. L’asile de Bethléem est excessivement pauvre, car aucune des pensionnaires n’est en état de payer ; aussi vivent-elles un peu de tout, des dons, des quêtes, des restes de tables envoyés par les couvens voisins qui sont très nombreux dans le quartier, et l’on peut aisément s’imaginer le trouble qu’a dû apporter dans un budget si péniblement réglé la suppression brutale prononcée par le conseil municipal de la subvention de mille francs que la ville de Paris payait depuis longues années à cette œuvre vraiment démocratique. Malgré ce dénûment. Mlle Jeanvrain a trouvé moyen de fonder à Antony un asile pour les enfans qu’elle recueille et qu’elle juge avec raison imprudent de conserver longtemps dans un milieu nécessairement mélangé. Ces enfans y sont employés à la couture ainsi qu’à la culture maraîchère, et tous les deux jours on peut rencontrer sur la route d’Antony une petite voiture attelée d’un âne qui, sous la conduite d’une franciscaine en robe bleue et en voile noir, apporte à la maison de Paris les produits du jardin de la maison des champs.

L’assistance des enfans abandonnés a pris, depuis un certain nombre d’années à Paris, une forme nouvelle et particulièrement intéressante : celle des œuvres de première communion. Les personnes qui considèrent (avec raison suivant moi) toute tentative de moralisation générale comme impuissante si elle n’est fortifiée par l’action religieuse se sont préoccupées de diminuer le nombre des enfans qui ne font pas leur première communion à l’âge fixé par l’église, dans la pensée très juste qu’arrivés à l’âge adulte il serait bien plus difficile de les amener à des pratiques auxquelles leur enfance n’aurait pas été pliée. De cette pensée sont nées un grand nombre d’œuvres de première communion, dont quelques-unes sont des œuvres purement paroissiales, se proposant pour but de déterminer les parens à envoyer leurs enfans au catéchisme et de subvenir aux quelques frais de vêtemens que la première communion entraîne. De ces œuvres, la plus originale est sans contredit celle qui a été fondée par les sœurs de la Providence-Sainte-Marie pour les enfans du faubourg Saint-Antoine. Cette œuvre s’adresse principalement aux garçons employés dans les fabriques de papiers peints qui n’ont pas été envoyés dans leur enfance à l’école et qui, à l’âge de douze ou treize ans, n’ont point encore fait leur première communion. Parallèlement à leur instruction religieuse, une sœur de Saint-Vincent-de-Paul leur fait tous les soirs une classe de deux