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L’ENFANCE À PARIS.

Fontarabie, moyennant un prix modique de pension. Enfin il existe une section spéciale pour les jeunes filles vicieuses dans la maison des diaconesses de la rue de Reuilly. La maison des diaconesses constitue un des centres importans de la charité protestante à Paris, L’œuvre a été fondée en 1841, par M. le pasteur Vermeil. Depuis la perte de la ville de Strasbourg, c’est en France la seule œuvre protestante qui, à l’exemple des communautés protestantes, très nombreuses en Allemagne et surtout en Angleterre, s’adonne en commun et sous une règle uniforme à l’exercice de la charité. La maison des diaconesses de la rue de Reuilly renferme une maison de santé pour femmes et enfans qui, au point de vue de l’installation, peut être considérée comme un modèle : une école primaire, une salle d’asile, et enfin, seule partie de l’œuvre dont j’aie à m’occuper dans cette étude, une section spéciale pour les jeunes filles mineures dont les unes ont subi une condamnation, dont les autres y ont été placées par une ordonnance de correction, ou simplement ont été reçues sur la demande de la famille. Ces trois catégories sont mélangées ensemble sans qu’on en ressente d’inconvéniens, à cause de l’étroite et minutieuse surveillance dont les jeunes filles sont l’objet. On les sépare d’après l’âge en deux catégories : le disciplinaire, pour les jeunes filles qu’on reçoit de dix à treize ans, la retenue pour les jeunes filles qu’on reçoit de quatorze à vingt et un ans. Au disciplinaire, les jeunes filles couchent en commun, elles couchent en cellule à la retenue. Elles sont employées à des travaux de couture et au blanchissage de la maison. On s’occupe aussi avec grand soin de leur donner l’enseignement primaire et de réveiller par l’enseignement religieux, où la lecture des livres saints joue un grand rôle, leur conscience engourdie. Des résultats qu’on obtient, on pourra juger par le fait suivant. Au mois d’avril 1871, la maison fut envahie par des délégués de la commune qui étaient porteurs de mandats d’amener contre quelques-unes des sœurs, et qui auraient été heureux de se servir d’un prétexte pour fermer l’établissement. Après avoir enfermé toutes les diaconesses dans une chambre, ils interrogèrent une à une toutes les jeunes filles de la retenue et du disciplinaire, les invitant à dénoncer leurs surveillantes, et leur promettant la mise en liberté immédiate, si elles disaient avoir à se plaindre de quelques mauvais traitemens. Pas une ne faiblit, et, comme le chef de la bande insistait particulièrement auprès de l’une d’entre elles, il s’attira cette réponse : « Vous n’êtes qu’un lâche ! »

Peut-être éprouvera-t-on quelque étonnement à me voir ranger au nombre des œuvres de charité dont le sentiment religieux est le mobile toutes celles qui sont établies à Paris en faveur des juifs. Beaucoup de personnes inclinent en effet à penser que le judaïsme