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aire australe de dépression qui renferme les grands océans, sont pour M. Wild les preuves d’une tendance générale qui, selon lui, préside aux lents changemens que subit la distribution des terres et des eaux, et par suite de laquelle l’eau se porte vers le sud et va s’accumuler dans l’hémisphère austral, tandis que les dépôts solides viennent exhausser les abords de l’hémisphère boréal. D’un autre côté, on aurait constaté un mouvement de transport général de l’eau et des matières solides dirigé de l’est vers l’ouest. Ces deux tendances combinées produiraient en définitive un déplacement général des eaux dans la direction du sud-ouest, et des terres dans la direction du nord-ouest. Sans donner, à vrai dire, une explication de ces tendances, M. Wild paraît cependant les rattacher aux phénomènes généraux de la formation des dépôts sous-marins. L’océan est toujours le grand architecte de notre planète, et les eaux charrient sans cesse les matériaux finement divisés, — limons et débris organiques, — qui servent à édifier les plateaux sous-marins dont l’élévation graduelle finit par créer les îles et les continens. Mais la nature des dépôts varie considérablement avec la vitesse des courans qui leur donnent naissance et avec la distance à la source où les matériaux ont été puisés. Les matières les plus lourdes vont au fond après un parcours limité, tandis que les débris plus ténus sont portés beaucoup plus loin, et se déposent principalement dans les régions les plus calmes, et au centre des bassins océaniques. C’est ainsi qu’à l’époque où le globe était couvert par les eaux il devait se former déjà, sous la seule influence de la circulation thermale, tout un système de plateaux sous-marins de composition très diverse, dont la distribution pouvait être ensuite plus ou moins modifiée par l’action des forces souterraines, faisant jaillir du sein des plateaux primitifs des chaînes de montagnes parallèlement à l’axe longitudinal des plateaux. M. Wild s’est efforcé de montrer que cette théorie peut rendre compte de la formation du relief actuel du globe ; mais ses raisonnemens laissent beaucoup à désirer sous le rapport de la clarté. Néanmoins l’ouvrage de M. Wild rendra de grands services à tous ceux qui s’occupent de géographie physique, ne fût-ce qu’en leur épargnant de longues recherches et des calculs fastidieux.



Le directeur-gérant, C. Buloz.