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LA CONFESSION
DU
PARTI CONSERVATEUR

Quel est le véritable sens du mot « conservateur ? » Il n’y en a qu’un pour tout esprit philosophique. Le conservateur est celui qui veut maintenir les principes fondamentaux des sociétés civilisées, quelles qu’en soient d’ailleurs les formes politiques, c’est-à-dire la famille, la propriété, la religion, en un mot tout ce qui assure la vie morale de l’individu, tout ce qui unit les hommes entre eux et les rattache à un ordre supérieur. Ces principes, pour ne rien perdre de leur valeur, ont besoin d’être continuellement surveillés, améliorés, défendus, — défendus contre les erreurs qui les dénaturent et contre les abus qui les corrompent. Or, comment cette perpétuelle défense serait-elle possible, sinon par la pratique même de la vie et de la liberté ? Il faut donc ajouter quelque chose à la définition proposée plus haut et dire que le vrai conservateur doit être par cela même dévoué aux doctrines libérales. Un système conservateur qui n’est pas en même temps un système libéral, c’est une contradiction et un non-sens.

Si ces idées ne sont pas exprimées avec autant de précision par l’auteur des deux ouvrages dont nous voulons nous occuper, je crois cependant pouvoir affirmer qu’elles sont bien le fond de sa philosophie politique. M. Paul Thureau-Dangin, en rassemblant les pages intitulées Royalistes et républicains[1], comme en écrivant le livre plus serré qui porte ce titre : le Parti libéral sous la restauration[2], a eu certainement le dessein de rechercher ce

  1. Royalistes et républicains, essais historiques sur des questions de politique-contemporaine, par Paul Thureau-Dangin, 1 vol. in-8o ; Pion.
  2. Le Parti libéral sous la restauration, par M. Paul Thureau-Dangin, 1 vol.in-8° Pion.