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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/458

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mexicains massés, sabre au poing et s’apprêtant à charger. Ils avaient remis leurs vestes de cuir sur leurs épaules et nous les reconnûmes très bien ; le coup de feu de leur vedette les avait appelés, À cette vue, le capitaine Danjou, ralliant les deux sections et l’escouade d’arrière-garde, nous fait former le carré pour mieux soutenir la charge ; au milieu de nous étaient les mulets ; mais les deux maudites bêtes, pressées de tous côtés et regrettant leur ancienne liberté d’allures, sautaient, ruaient, faisaient un train d’enfer ; force nous fut de leur ouvrir les rangs, et ils partirent au triple galop dans la campagne, où ils n’allaient pas tarder à être capturés.

Les ennemis avaient sur nous l’avantage du lieu, car le terrain, plane et dégarni aux abords de la route, favorisait les évolutions de leur cavalerie ; au petit pas, ils descendirent le coteau, se séparèrent en deux colonnes afin de nous envelopper, et, parvenus à 60 mètres, fondirent sur nous avec de grands cris.

Le capitaine avait dit de ne point tirer : aussi les laissions-nous venir sans broncher, le doigt sur la détente ; un instant encore, et leur masse, comme une avalanche, nous passait sur le corps ; mais au commandement de feu une épouvantable décharge, renversant montures et cavaliers, met le désordre dans leurs rangs et les arrête tous nets. Nous continuions le tir à volonté. Ils reculèrent.

Sans perdre de temps, le capitaine nous fait franchir un petit fossé garni d’une haie de cactus épineux, formant clôture, qui bordait la route sur la gauche et remontait jusqu’à Camaron. Outre que cet obstacle devait arrêter l’élan de la seconde charge, nous espérions atteindre les bois, dont on apercevait, la lisière à 400 ou 500 mètres de là, et sous leur couvert regagner Paso del Macho sans encombre. Le tout était d’y arriver.

Par malheur, une partie des Mexicains nous avait déjà tournés par le nord-est de l’hacienda ; les autres avaient essayé de franchir la haie de cactus, mais leurs chevaux pour la plupart s’étaient dérobés. Une seconde fois, nous nous formâmes en carré, et comme les assaillans étaient moins nombreux, comme ils ne chargeaient plus avec le même ensemble, nous soutînmes cette attaque encore plus résolument que la précédente. Ils reculèrent de nouveau.

Cependant notre situation devenait critique. Rejoindre les bois ? il n’y fallait plus songer : l’hacienda au contraire était peu éloignée ; avec du sang-froid, du bonheur aussi, nous pouvions nous y réfugier et tenir derrière les murs, jusqu’à l’arrivée probable d’un secours.

Le parti du capitaine fut bientôt pris ; sur son ordre nous mettons la baïonnette au canon, puis à notre tour, tête basse, nous fonçons sur les cavaliers groupés devant nous ; mais ils ne nous attendent pas et détalent comme des lièvres. Si le Mexicain fait preuve