Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/580

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des séjours de désolation, si abondans qu’y soient d’ailleurs les autres grains. La cuisine est simple, peu relevée, et, si elle ne satisfait pas toujours le palais d’un Européen, elle ne soulève jamais son dégoût, comme celle des Chinois.

Le thé devrait nous occuper longuement ; mais les échantillons réunis ici n’indiquent ni les diverses provenances, ni le régime de culture et de cueillette, ni le mode de torréfaction. Ce sont là cependant des travaux minutieux auxquels les Japonais excellent, de même qu’à préparer le précieux breuvage avec tous les ustensiles dont un assortiment est placé sur une petite étagère, au-dessus des caisses exposées. Cette liqueur forme, comme on sait, la boisson ordinaire du pays. Aux divers repas, comme dans les intervalles, on n’en boit pas d’autre, l’eau pure jouissant à bon droit dans les pays de rizières d’une réputation d’insalubrité qu’elle doit aux terrains cultivés qu’elle traverse, et le saki ne coulant que les jours de chère lie. Le thé du peuple est assez insipide, du moins de l’avis des étrangers ; mais on sert quelquefois, chez les gens riches, un thé aux reflets verdâtres, d’un arôme délicat et d’une saveur fine et pénétrante très légèrement amère, qu’apprécieraient volontiers nos gourmets. Ce thé de premier choix est rare et se vend dans le pays plus cher que le souchong ou le péko à Paris.

Il est juste, après les alimens, de passer au tabac, comme on passe à la pipette aussitôt après chaque repas et même quelquefois dans les intervalles d’un festin un peu prolongé. On commence à fabriquer dans la province de Satzuma des cigares qui ne feront pas baisser le prix des puros de la Havane ni de Manille. La seule consommation courante est celle du scaferlati, qui est fumé par toute la population mâle et femelle dans de petites pipettes que tout le monde connaît, quoiqu’il n’en faille pas chercher d’exemplaire au Champ de Mars. Il est cependant intéressant d’observer que le tabac japonais ne peut se fumer ni en cigarettes, ni dans un fourneau plus grand, par suite de la quantité d’humidité qu’il contient.

Nous nous garderons bien d’entrer au sujet de la soie dans des détails techniques, que les gens du métier eux-mêmes ont peine à rendre attrayans, et que les sériculteurs suivront mieux dans les livres spéciaux que dans les salles de l’exposition japonaise. Ils pourront cependant jeter un coup d’œil sur le petit modèle de clayonnage et de bassine, sur les spécimens de bombyx à différens états, et sur son terrible ennemi, l’udji, dont les œufs déposés sur le ver et enfermés avec lui dans le cocon ne peuvent éclore sans détériorer la soie. A défaut de renseignemens plus précis, ils devraient trouver un tableau des diverses provenances et des soies de chaque pays à différens momens du travail, grèges, moulinées, en