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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/591

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On a longtemps cru l’or très abondant au Japon ; son rapport à l’argent était, il y a trois siècles, de 6 à 1, au lieu de 12 à 1. Pendant quatre-vingt-dix ans, les Portugais en retirèrent annuellement 3 millions 1/2 de dollars. Ces quantités considérables provenaient de couches de gravier, qui furent rapidement épuisées. Il fallut recourir aux quartz aurifères, dont nous avons vu des échantillons sous une vitrine. Yéso possède encore cependant quelques placers ; mais les mines réputées pour être les plus riches en métaux précieux sont celles de l’île de Sado, exploitées depuis mille ans. Le minerai qu’elles fournissent aujourd’hui renferme plus d’argent que d’or et vaut environ 33 yens (165 francs) la tonne. Le gouvernement y fait en ce moment de grandes dépenses qui dépassent le quart de la production, mais doivent amener au bout de douze années de travaux persévérans une augmentation énorme des produits. L’argent se rencontre dans de très nombreux dépôts, et occupe, sans compter les moindres, sept exploitations importantes, dont trois, Sado, Ikouno, Hosaga, sous une direction européenne.

Le sable de fer magnétique se trouve répandu dans presque tous les districts. Le minerai est d’excellente qualité, comparable au fer de Suède, mais n’a pas été jusqu’à présent traité sur une grande échelle, et les Japonais font encore venir le fer de nos usines. Le cuivre est si abondant que sa valeur ne dépassait pas jadis dans le pays celle du fer ; deux cents gisemens sont signalés, dont quatre fournissent la moitié du produit total. Le minerai contient de 2 1/2 à 12 pour 100 de métal ; il est souvent mêlé dans le même filon à du minerai d’argent. Le métal, amené sur le marché en gâteaux, est très pur ; les frais de production d’une tonne, d’après les méthodes japonaises, s’élèvent à 190 yens (ou 950 francs), non compris le transport sur le marché d’Osaka, où se fait principalement ce commerce. Rendue à Londres, la tonne revient à 2,000 francs.

Vastes et nombreux sont les dépôts de houille sous ses différentes espèces, tourbe, lignite, graphite, houille maigre et à coke, L’île de Yéso contient les principaux bassins houillers. La petite île de Takashima, au sud de Nagasaki, fournit jusqu’ici les meilleurs charbons. C’est elle qui a envoyé un énorme bloc, accompagné du plan en relief de l’exploitation. Le pétrole abonde ; il existe plusieurs puits d’extraction, notamment dans le nord-ouest de la grande île ; son usage commence à se généraliser. Il n’a cependant pas encore détrôné tout à fait l’andon, cette modeste lampe enfermée dans un châssis de papier, et consistant dans une coupe pleine d’huile végétale où nage une mèche de coton qu’on fait affleurer à mesure qu’elle se consume. Éclairé par cette veilleuse, on l’est juste assez pour n’être pas plongé dans les ténèbres. Le pétrole allonge réellement de cinq heures en hiver la journée du marchand et celle de