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Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/705

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janvier, nous disions ici même : « Si le problème de la téléphonie était résolu avec des courans de pile, l’intensité de la voix pourrait être bien supérieure à celle que permettent d’obtenir les courans induits. En effet une pile est un réservoir de travail électrique aussi énergique qu’on le désire, et il suffit d’ouvrir une porte d’accès à cette force pour la mettre en jeu. Dans le téléphone de Bell, la personne qui parle est l’analogue d’un manœuvre qui ferait, par ses propres forces, avancer un véhicule ; dans un téléphone qui fonctionnerait à l’aide de la pile, cette personne serait l’analogue du mécanicien qui, sur une locomotive, n’a qu’à faire l’effort nécessaire à l’ouverture d’une valve pour permettre à la vapeur toujours prête d’actionner le piston. »

Nous aurons plusieurs fois, dans le cours de cette étude, l’occasion d’invoquer le même principe général. C’est sur lui que repose justement le téléphone que nous allons décrire. Edison avait reconnu à plusieurs variétés de carbone la propriété suivante : lorsqu’on les soumet aux changemens de pression les plus légers, la résistance qu’elles opposent au passage du courant électrique subit des modifications très notables. Cela s’explique aisément. Les substances en question, c’est-à-dire le charbon de cornue, le graphite ou plombagine, ne conduisent que médiocrement l’électricité. Un métal bon conducteur, placé contre un morceau de graphite, ne sera en contact avec lui que par quelques points, ou pour mieux dire par quelques surfaces très petites. Mais on conçoit qu’à mesure que le métal et le graphite sont pressés l’un sur l’autre avec plus de force, le contact est rendu plus intime. Les surfaces par lesquelles il s’opère seront agrandies, absolument comme une balle élastique posée sur une table peut toucher celle-ci par un point ou par une surface de quelque étendue, suivant la pression à laquelle elle est soumise. Il s’ensuit que le courant qui ne trouve de passage qu’au travers des surfaces de contact éprouve plus de facilité à s’écouler lorsque ces surfaces sont élargies, et plus de peine à les traverser lorsqu’elles sont rétrécies. C’est ce qu’on exprime en disant que l’intensité du courant varie dans le même sens que la pression exercée sur le carbone, ou que la résistance du circuit varie dans le sens contraire. Cette propriété, on le voit par les raisons que nous venons de développer, n’est pas particulière au graphite ou au charbon de cornue ; c’est une propriété générale, applicable à tous les corps. Mais on ne pourrait Cependant pas la mettre toujours en évidence. Pour nous faire comprendre, supposons un cas limite, celui où les deux substances en contact seraient parfaitement conductrices de l’électricité ; Il est clair que le courant, qui n’aurait alors aucune résistance à vaincre pour franchir la surface de contact la plus faible,