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empêché cet appareil d’entrer dans la pratique, et ne compensaient-elles pas suffisamment les avantages qu’on en pouvait retirer d’autre part ? — Mais, si nous avons quelque peu insisté sur l’électro-motographe, c’est pour avoir l’occasion de montrer un exemple du peu de curiosité de son inventeur, quant aux moyens. Cette singulière propriété du courant de modifier un coefficient de frottement, Edison ne l’explique pas. Il n’a pas même cherché à l’expliquer. C’est un fait, il l’a reconnu, il l’applique. Voilà l’homme !

Edison pensait, à l’aide de son transmetteur, pouvoir obtenir une plus grande intensité de la voix dans les récepteurs. Son espérance était fondée sur ce qu’il employait une énergie extérieure, celle de la pile. La voix, au lieu d’être la seule force motrice du système, servait seulement à régler l’échappement du courant électrique. Il pouvait donc croire que, puisqu’il était maître de se servir d’une pile aussi forte qu’il le voudrait, il était en mesure d’obtenir des effets d’une intensité correspondante. De fait, l’expérience lui a presque donné tort. Un réglage minutieux peut bien à la vérité amener un très bon fonctionnement de l’appareil pendant de courts instans, mais jamais d’une manière durable. — Ce qui pourra consoler Edison de son échec en téléphonie, c’est de n’avoir pas été le seul à n’obtenir que des résultats négatifs, quant à l’amplification de la voix transmise. On peut dire que depuis l’apparition du téléphone de Bell, il n’est peut-être pas un physicien qui n’ait au moins songé à le perfectionner comme récepteur. Tout le monde a échoué pour ce qui touche à l’articulation. Le téléphone Bell est encore aujourd’hui ce qu’il était à ses débuts, c’est-à-dire le meilleur des porte-voix électriques.

Mais le principe qui avait servi à Edison à réaliser son téléphone a été une source précieuse de productions nouvelles du plus grand intérêt et tout à fait en dehors de la téléphonie proprement dite. Si contre la membrane du transmetteur à graphite nous appliquons l’extrémité d’un crayon de substance quelconque dont l’autre extrémité vient buter contre un obstacle fixe, le moindre allongement du crayon va presser la membrane contre le graphite et par là augmenter l’intensité du courant dans le circuit. Nous aurons réalisé ainsi le plus délicat des thermoscopes. Un galvanomètre de précision témoignera par les déplacemens de son aiguille des plus faibles dilatations de la substance à étudier. La chaleur de la main, approchée seulement à quelque distance de la tige, causera une déviation très notable de l’aiguille.

Nous pouvons remplacer la tige par une substance capable de changer de forme ou de longueur sous l’influence de l’humidité. Une corde à boyau, un fragment de gélatine remplira ces