que leur prêtait la circulaire prussienne du mois de juillet 1870, et surtout elles n’impliquaient pas l’initiative de pourparlers ténébreux que les communications officieuses faites au Times, dès le début de la guerre, signalaient à la conscience de l’Europe. L’histoire ne saurait admettre une interversion de rôles qui laisserait à la France l’odieux des propositions équivoques et assurerait à la Prusse le bénéfice des refus indignés.
Lorsque la mort du roi Frédéric VII fournit aux rivalités allemandes l’occasion de se mesurer en champ clos, après que la Prusse et l’Autriche eurent démembré le Danemark, l’empereur crut sans doute qu’en facilitant au cabinet de Berlin par une attitude sympathique les moyens de satisfaire son ambition au nord il s’assurerait son concours au midi. Tout permet de supposer que c’est à ce moment que notre politique cessa d’être hésitante et rompit définitivement avec les traditions de notre diplomatie. Elle se trouvait en face d’un fait accompli, irrévocable, qu’elle n’avait pas su prévenir, et elle ne s’y résignait qu’avec la pensée d’en tirer parti. L’empereur ne voyait donc pas avec déplaisir des complications dont le développement pouvait ménager à la France plus d’une chance heureuse, à la condition qu’elle n’y fût pas directement mêlée. Les rapports de l’Autriche et de la Prusse étaient tendus à l’extrême, une rupture était imminente, lorsqu’il se produisit un de ces incidens qui parfois déroutent toutes les prévisions. On apprenait subitement que les deux souverains, assistés de leurs ministres, s’étaient réunis à Gastein, animés des sentimens les plus concilians, pour concerter un modus vivendi dans le pays de l’Elbe, se mettre d’accord en Allemagne et s’entendre sur la politique générale. Le revirement était des plus inattendus. Toutes les combinaisons imaginées et suscitées par M. de Bismarck se trouvaient déroutées du coup. On s’en émut à des points de vue différens à Paris, à Florence et surtout dans les cours allemandes, qui déjà se voyaient sacrifiées au dualisme. Le général de La Marmora se méprit comme tout le monde sur la portée de la convention; encore sous l’impression d’une démarche toute récente du comte Usedom, qui était venu solliciter l’alliance de l’Italie en vue d’une guerre qu’il disait imminente, il ne ménagea pas au cabinet de Berlin le témoignage de son étonnement.
Quant au cabinet des Tuileries, il avait déjà fait trop de concessions à la politique prussienne pour n’être pas en droit de se plaindre et de s’inquiéter d’une alliance austro-prussienne, dont la première conséquence était de l’isoler en Europe. Son irritation était d’autant plus naturelle que peu de jours auparavant, à l’heure même où M. d’Usedom interpellait le général de La Marmora,