général que celles de Pompéi, sont aussi plus mêlées. A côté de columbaria très simples, qui renferment des affranchis ou des pauvres, se trouve la sépulture d’un chevalier romain assez vaniteux, qui s’y est fait représenter avec les insignes de sa dignité et des génies qui lui tendent des couronnes : un chevalier devait être à Ostie un grand personnage. On rencontre ensuite les restes d’un assez vaste local, divisé en un grand nombre de petites chambres, qui servait, selon les uns, de corps de garde, selon les autres, d’hôtellerie. De là, on arrive à l’une des portes de la ville, dont le seuil est encore à sa place, et l’on entre dans Ostie. Le quartier où l’on débouche est assez misérable, comme le sont d’ordinaire les extrémités des grandes villes, surtout des villes de commerce, où tant de pauvres gens s’entassent[1]. La principale rue est bordée de maisons qui paraissent petites et pauvres, et on la voit bientôt se diviser en deux rues plus étroites qui conduisaient dans deux directions contraires. M. Visconti hésita à s’engager dans ces ruelles, où il craignait de ne pas faire de découvertes importantes, et, de ce côté, il ne poussa pas les fouilles plus loin. Mais il avait en même temps abordé la ville par une autre de ses extrémités, vers l’endroit où elle touchait à la mer. Là, il eut la chance de tomber sur un quartier riche; il y trouva des débris de monumens publics, des bains et de belles maisons. Une surtout, plus somptueuse et mieux conservée que les autres, occupe un vaste espace, ou, comme disaient les Romains, une île entière, enfermée entre quatre rues. La principale entrée était ornée de deux colonnes de cipolin qu’on a relevées sur leur base ; la maison est tout à fait construite comme celles de Pompéi, mais les pièces dont elle se compose sont plus nombreuses et plus grandes, aussi a-t-on soupçonné qu’elle ne servait pas à loger un simple particulier; et, comme on savait que l’empereur Antonin s’était fait bâtir une belle habitation à Ostie, on s’est empressé d’affirmer qu’on venait de retrouver son palais. C’est une pure hypothèse, qui ne paraît guère vraisemblable, et il est bien plus naturel de croire que la maison appartenait à quelqu’un de ces riches négocians ou de ces grands banquiers qui ne manquent pas dans une ville de commerce.
On trouve dans d’autres quartiers encore, où l’on a fait des fouilles,
- ↑ M. C.-L. Visconti, qui a consacré aux fouilles d’Ostie des articles très intéressans dans les Annales de l’Institut de correspondance archéologique, pense que plusieurs des maisons qui ont été découvertes en cet endroit sont des habitations refaites en toute hâte, au Ve ou au VIe siècle, après un premier désastre d’Ostie, quand les habitans effrayés cherchaient à s’éloigner de la mer, qui leur amenait des ennemis, et s’entassaient dans ce petit coin de la ville, du côté de Rome, d’où pouvaient venir les secours.