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ETUDE
SUR LA
POLITIQUE FRANÇAISE EN 1866

IV.[1]
LA MEDIATION DE LA FRANCE.


VIII. — M. BENEDETTI AU QUARTIER GÉNÉRAL PRUSSIEN.

Quand les premières émotions provoquées par les nouvelles de Bohême se furent un peu calmées et que les partisans d’une démonstration militaire immédiate eurent définitivement perdu leur cause, le cabinet des Tuileries, délivré du souci d’agir sans en avoir les moyens, reprit contenance d’autant plus vite, que la Prusse, sans qu’il eût été besoin d’élever la voix, acceptait notre médiation. A la vérité, elle avait soin d’écarter des préliminaires de la paix les questions qui nous intéressaient personnellement et qui d’ailleurs étaient incompatibles avec la médiation. C’était de sa part une preuve non équivoque de condescendance que de ne pas repousser notre intervention et de nous laisser présider en quelque sorte à ses arrangemens avec l’Autriche ; mais elle avait besoin de respirer, de se reconnaître après de si grands résultats. Il s’agissait de gagner du temps, de ne pas rompre en visière à un voisin dont on n’ignorait pas les faiblesses, mais dont le prestige n’avait encore subi aucune atteinte effective.

Ce fut pour nous le dernier sourire de la fortune ; notre médiation acceptée par la Prusse nous permit de pallier les résultats

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 septembre et du 1er octobre.