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LES
ENFANS PAUVRES
EN ANGLETERRE

L’ABANDON ET LE VAGABONDAGE DES ENFANS. — LES ÉCOLES DE DISTRICT ET LES ÉCOLES INDUSTRIELLES

« Il est mort ! entendez-vous, Majesté ! Il est mort, milords et gentlemen, révérends de toutes les églises, il est mort ! Hommes et femmes à qui le ciel a mis quelque compassion au cœur, il est mort ! Et combien en meurt-il ainsi chaque jour autour de nous ? » C’est en ces termes hardis qu’après avoir raconté la mort d’un petit vagabond des rues de Londres, Charles Dickens gourmandait, il y a quarante ans, l’indifférence de ses concitoyens en présence d’un des fléaux les plus attristans qui puissent frapper l’œil des hommes : la misère et la dépravation inévitable de l’enfance. Avant qu’il n’eût été enlevé lui-même par une mort prématurée, Dickens avait déjà pu constater que ses vigoureuses objurgations n’étaient pas demeurées sans résultats. C’est cependant depuis sa mort que les mesures législatives destinées à prévenir le vagabondage des enfans ont produit leur entier effet, et dans cette grande ville de Londres, dont sa plume a décrit si souvent les bas-fonds, son œil aujourd’hui du moins ne serait plus attristé par l’innombrable quantité de ces petits êtres qu’il a si souvent dépeints, hâves, malingres, audacieux, couchant sur le pas des portes ou dans des