Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 30.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de glycogène et de sucre dans le foie. Voilà qui est certain; la fonction glycogénique ne peut s’éteindre sans amener la mort. N’est-ce pas une glorieuse et unique fortune que d’avoir découvert pas à pas une fonction fondamentale de la vie ! Quel physiologiste a su pénétrer dans la nature un secret plus profondément caché, et plus plein de révélations !

Cependant, comment le sucre agit-il dans la nutrition; quel est son rôle dans cette succession d’actes mystérieux par lesquels se constitue la matière vivante? Ici la réponse est moins précise, et en existe-t-il une seule précise sur cet ensemble d’opérations qui sont la vie elle-même ? On peut croire que le sucre sert à la formation de tous les tissus vivans. On le rencontre chez les végétaux évidemment adapté à leur nutrition, servant aux germinations rapides, à tous les accroissemens cellulaires de la jeune plante; il semble posséder une action identique chez les animaux. L’étude si ingénieuse de la glycogénie chez le fœtus, que Claude Bernard a ajoutée à ses études sur la glycogénie hépatique, ne vient-elle pas confirmer l’intervention nécessaire du sucre dans la formation des tissus? Aux premiers temps de la vie fœtale, alors que le foie manque ou est rudimentaire, et que néanmoins l’activité formatrice est intense, la substance glycogène ne manque pas; elle est diffuse dans tous les tissus de l’embryon. Chez le fœtus, comme chez les animaux inférieurs, la division du travail est incomplète, et la fonction glycogénique s’opère au sein de tous les tissus. Dans les tissus du fœtus du veau, Claude Bernard constate la fermentation lactique; c’est pour lui un témoignage de la présence du sucre; il arrête cette fermentation lactique par une basse température, et il retrouve le sucre dans les muscles et dans les poumons. Plus tard, à mesure que le fœtus se développe, une première concentration de la fonction glycogénique s’opère, et elle se fait dans le placenta; plus tard enfin, lorsque l’organisme naissant se complète, elle se localise définitivement dans le foie. Telles sont les étapes de l’établissement de la fonction glycogénique. Cette marche de la fonction, son apparition diffuse, sa généralisation aux premiers temps de l’être, ne témoignent-elles pas de son intervention dans les opérations premières de la vie; et ces opérations quelles sont-elles, sinon toute la genèse organique, les multiplications cellulaires, les bourgeonnemens des tissus, toute la vie nutritive?

Dans toute fonction, surtout dans toute fonction centralisée, à appareil propre et limité, le système nerveux intervient pour régler la fonction, pour l’activer ou la modérer à un moment donné, pour l’harmoniser avec les autres ensembles fonctionnels. Quels sont les rapports de la fonction glycogénique avec le système nerveux? La fabrication du glycogène, sa transformation en glycose,