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que m’étant maintenu au Louvre gardien d’un dépôt que je ne voulais pas quitter, je n’en ai pas été séparé par lui, qu’il m’a traité avec respect et ne m’a pas empêché d’accomplir la tâche que je m’étais imposée. Je lui en ai témoigné ma reconnaissance en le recueillant dans mon cabinet, qui était un asile, quand il y eut danger pour lui et son compagnon, — en le faisant sortir des musées qui étaient gardés militairement, — en déposant avec modération devant le conseil de guerre, — en n’interrompant pas son défenseur lorsqu’il lui faisait une part égale à la mienne dans la conservation des collections. — Mais m’en demander davantage, c’est trop. » Cette lettre est claire, et j’en accepte sans restriction tous les termes. J’avais offert à M. Héreau de s’en rapporter à l’arbitrage de M. Barbet de Jouy ; M. Héreau a refusé, mais ce n’est pas une raison pour que je ne me considère pas comme moralement tenu de m’y soumettre. Je déclare donc n’avoir aucune objection à retirer l’expression « de bête fauve, » quoiqu’elle ne soit pas de moi, ainsi que le commentaire dont je l’ai aggravée ou atténuée. Cette satisfaction une fois donnée au respect que je professe pour le haut caractère de M. Barbet de Jouy, il me reste l’obligation de réfuter la réclamation de M. Héreau et de prouver aux lecteurs de la Revue que, si quelqu’un a manqué de modération, ce n’est peut-être pas moi.

M. Héreau paraît me croire excité contre lui par quelque animosité personnelle : il se trompe, il m’est absolument inconnu, par conséquent indifférent ; si je n’avais rencontré son nom parmi ceux des délégués aux musées pendant la commune, je l’ignorerais certainement encore, et il est bien probable que je l’aurai oublié demain. Mais M. Héreau ne s’est pas contenté de faire de la peinture de genre, il a voulu être un personnage, il a été fonctionnaire, il a été homme public précisément pendant huit jours ; à ce titre il appartient à la discussion ; il s’est introduit dans l’histoire un peu malgré elle, l’histoire l’a recueilli et le commente selon son droit. Si ce droit semblait excessif à M. Héreau, il n’a qu’à voir comment ses amis de la presse périodique traitent les fonctionnaires de tout rang et les hommes politiques de toute nuance, pour être bien convaincu qu’il n’est en rien une exception et qu’il subit, parce qu’il s’y est exposé, les usages de la loi commune.

M. Héreau est le seul « de tous les artistes ayant fait partie de la fédération ou de ses délégations » qui ait été appelé à rendre compte de ses actes devant la justice. C’est lui qui le dit et non pas moi, car je me serais bien gardé de le dire. M. Héreau ne se demande pas pourquoi seul il a été l’objet d’une mesure rigoureuse ; les motifs n’en sont point ignorés cependant ; ils ont été longuement expliqués et sont contenus dans un acte d’accusation que j’ai sous les yeux, qui figure dans la Gazette des Tribunaux, et auquel j’ai eu soin de ne faire aucun emprunt : M. Héreau a été condamné, il a subi sa peine qu’une décision gracieuse a réduite de moitié ; j’avais cru superflu de le dire, mais il tient à ce