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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/11

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LA THESSALIE

NOTES DE VOYAGE

En quittant les monastères de l’Athos, au mois d’août 1875, j’avais l’intention de gagner la mer Adriatique par la Thessalie et l’Épire. Des circonstances imprévues m’arrêtèrent au pied des montagnes de Janina, et je ne pus voir en détail que la première de ces provinces. Les notes rapportées de cette excursion ne me parurent pas dignes alors d’être offertes aux lecteurs de la Revue ; les beaux travaux de MM. Mézières et Heuzey ont tout dit sur l’archéologie de ces terres classiques ; quant aux renseignemens recueillis dans le pays sur ses conditions politiques et économiques, ils n’étaient pas assez concluans en faveur de l’ordre de choses existant à cette époque pour que des convenances de situation me permissent d’en faire usage. Mon carnet de voyageur alla rejoindre ses aînés, gardant pour lui seul les surprises que le hasard sème sur les routes ; d’autres vinrent après lui, la vie passa, je l’oubliai.

Voici que, durant ces trois années, l’humanité, cette infatigable voyageuse, a marché d’un pas inaccoutumé, tenant son livre de notes, qui s’appelle l’histoire. Il y a deux mois, comme je parcourais les forêts d’Ukraine, occupé de tout autres études, les journaux m’apportèrent une de ces notes, prises sur le chemin par la voyageuse : celle-ci s’appellera le traité de Berlin. — En la lisant avec l’intérêt qu’on doit aux publications historiques, je fus surtout frappé par un article à la discussion duquel, assurait-on, nos représentans avaient apporté une attention toute particulière, et qui me parut répondre fort exactement à la réalité des faits, telle que je l’avais observée sur les lieux ; cet article traitait du recul probable