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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/185

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Samson, Salomon, Josué, Jephté, Israël en Égypte, le Messie ; des symphonies, des messes ou des oratorios de Beethoven, Mozart, Cherubini, Mendelssohn, Schumann, Hiller, etc. ; les Saisons de Haydn ; des opéras, des cantates ou des fragmens de Gluck, de Bach, de Spontini, etc. Riess, Mendelssohn, Onslow et Spontini figurent parmi ceux qui ont successivement dirigé l’orchestre, car à l’inverse de ce qui se passe chez-nous, il est d’usage que les auteurs conduisent eux-mêmes l’exécution de leurs ouvrages, et les meilleurs chefs d’orchestre de l’Allemagne ont été presque toujours aussi ses compositeurs les plus remarquables.

L’an dernier, à Cologne, le programme comprenait les Saisons de Haydn et le Requiem de Verdi qui, conduit par le maestro lui-même, a reçu, comme à Paris, le plus chaleureux accueil. Cette année, le cinquante-cinquième festival a eu lieu à Dusseldorf, sous la direction du célèbre violoniste Joachim, directeur de l’école supérieure de musique de Berlin, avec le concours de chanteurs et de chanteuses des théâtres de Dresde, Berlin, Munich et Schwerin. Le premier jour, outre deux chœurs de Händel, on a exécuté le Faust entier de Schumann, œuvre un peu confuse et languissante dans laquelle le musicien s’est épuisé à rendre les abstractions les plus nuageuses, du poème de Goethe. L’Orphée de Gluck, selon nous, mieux fait pour le théâtre que pour de telles solennités, et une symphonie de Brahms, qui a eu les honneurs de la fête, ont rempli la seconde journée. Ainsi qu’il est d’usage, le troisième jour a été consacré plus spécialement à mettre en relief le talent des virtuoses présens.au festival. Cette année, après le grand air de Joseph, une romance de Schumann et d’autres morceaux de chant, des applaudissemens unanimes ont salué l’admirable exécution, d’un concerto de Viotti par Joachim. Ces. divers, fragmens étaient encadrés entre une cantate avec chœurs et orchestre de J. Tausch, la troisième ouverture de Léonore et celle du Songe d’une nuit d’été.

Il faut avoir assisté à une de ces fêtes pour comprendre à quel point la musique en Allemagne est un art national, et l’on se ferait difficilement une idée de l’aspect imposant d’une salle comme celle du Gurtzenich de Cologne à pareils jours. Une foule immense, quatre mille personnes environ, remplit cette salle et les tribunes. Ce public, dont l’éducation est faite, assiste attentif et respectueux à l’admirable interprétation, des chefs d’œuvre des plus grands génies. L’estrade est occupée par le double chœur et par l’orchestre que domine un orgue établi dans la galerie supérieure. Les solistes, placés au premier rang, se groupent, de chaque côté du pupitre du maître de chapelle. Un même esprit, un même amour de l’art anime cette année d’exécutans, et l’on ne peut rien rêver au-dessus de la superbe sonorité et du merveilleux ensemble des chœurs.