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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/396

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mesurant une surface carrée de 20 kilomètres de large sur 50 de long ; il est traversé d’un bout à l’autre par la rivière Wadi, qui prend sa source dans la forêt de Guiderach, au nord-est, reçoit les deux torrens de Aramba Gemma et de la forêt de Gougouf, et se dirige vers l’Aouach au sud-est ; des deux côtés, on établirait soit des barrages pour faire marcher les usines et les moulins, soit des canaux d’irrigation pour fertiliser les terres. Ce territoire comprend en outre, du côté du sud-ouest, la mine de houille de Koueli, près de Tianou ; de là aux bords de l’Aouach, qui va se perdre dans le lac d’Aoussa, à 100 kilomètres seulement de la côte, il sera facile de créer une route pour le transport du minerai. Au nord-est, le terrain se relève et semble plus particulièrement salubre ; c’est là que s’établiront les colons. Ali Gumb, au centre, servira de point stratégique et comme de forteresse ; enfin les forêts voisines de Guiderach et de Gougouf fourniront, avec l’autorisation du roi, tous les bois de construction nécessaires. »


III

Cependant Minylik était rentré à Litché, le conseil fut assemblé et s’occupa aussitôt de rédiger les documens officiels suivans : lettre du roi au président de la république française et bases d’un traité de commerce et d’alliance à conclure entre le Choa et la France, lettres au saint père, au roi d’Italie et à la reine d’Angleterre ; puis, comme la politique du khédive, malgré ses protestations d’amitié, pouvait paraître peu rassurante, il fut décidé que Minylik lui écrirait aussi une lettre motivée où, sans cacher ses défiances à l’égard de l’Égypte, il consentirait à conclure un traité d’alliance à la seule condition de la neutralisation de Tedjourrah, qui serait déclaré port franc. Tous ces documens furent écrits en amarina, traduits en français et timbrés du sceau royal ; un exemplaire de chacun fut confié au voyageur, la minute dut rester dans les archives du roi. On rédigea ensuite, spécialement pour M. Arnoux, le titre de propriété d’un territoire de 100,000 hectares, l’acte de cession gratuite de la mine de houille de Koueli, enfin le mandat l’autorisant à traiter au nom du roi de Choa avec le gouvernement français et les autres puissances.

En même temps, le roi faisait réunir les présens qui, selon l’usage en Orient, doivent toujours accompagner un message ; il avait choisi lui-même une vingtaine de chevaux du pays qu’il destinait aux divers souverains. Sur ces entrefaites, Omer Boxa, chef redoutable des Gallas du sud, soumis par Minylik dans sa dernière expédition, était arrivé à la cour ; il amenait avec lui une civette vivante provenant de Kafla, et il en fit hommage au roi. Celui-ci, à