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DE
L'INSTRUCTION PRIMAIRE
AU POINT DE VUE
DE LA PSYCHOLOGIE

I. M. Gréard, Rapport sur l’enseignement primaire dans le département de la. Seine à l’exposition universelle de 1878. — II. M. Buisson, Rapport sur l’instruction primaire à l’exposition universelle de Philadelphie.

Depuis quelques années, un grand mouvement s’est manifesté en France en faveur de l’instruction populaire. Tous les pouvoirs publics ont rivalisé de zèle et de libéralité. De sérieux progrès ont été accomplis[1]. Ce qui prouve le succès croissant de ces efforts, c’est que les critiques ont déjà commencé. On raille ce préjugé démocratique qui voit dans l’instruction du peuple une panacée ; on plaisante dans les salons sur le maître d’école qui a vaincu à Sadowa. Ces belles objections n’empêchent pas les esprits sérieux et pratiques, voués à cette grande œuvre, de la poursuivre tranquillement et avec persévérance. L’instruction primaire n’est pas une panacée : il n’y a pas de panacée ; elle est un de ces correctifs que la prudence et la charité ont inventés pour atténuer les maux qui affligent les hommes. De tous temps ces sortes de correctifs ont excité la verve des esprits sceptiques et pessimistes. La médecine, dit-on, tue plus de malades qu’elle n’en guérit ; les sermons n’ont jamais corrigé « personne ; pourquoi le poète comique se piquerait-il, comme le veut Horace, de châtier les mœurs en riant ? Ya-t-on au théâtre pour s’améliorer ? non ; mais pour se moquer de son voisin. La philosophie nous apprend les plus belles choses du monde ; mais vous empêche-t-elle de crier quand on a mal aux dents ? Par le même

  1. Sur les progrès récens de l’instruction populaire, voir le travail de M. Bréal dans la Revue du 15 décembre dernier.