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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/749

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la poursuite ardente du divin. Il fallait cependant que ces aspirations confuses vers l’infini revêtissent enfin une expression plus précise. Après avoir demandé aux méditations philosophiques et aux enchantemens des solitudes le dieu dont son âme est avide, l’auteur des Poèmes évangéliques alla le chercher plus simplement dans le récit de la vie et de la mort de Jésus. Il semble qu’il reproduit librement dans les rêves secrets de son intelligence le travail du genre humain lui-même. Des temples de l’antique sagesse, il nous avait conduits sous les vieux chênes celtiques qui abritèrent le berceau des races modernes ; il était temps de faire entendre la bonne nouvelle aux peuples régénérés. Tout vrai poète est plus ou moins comme les divinités d’Homère, il lui suffit de trois pas pour parcourir le monde. Ici, c’était l’univers moral que l’imagination du poète avait embrassé en trois bonds.

À partir de ce moment, le poétique chercheur est assuré de son domaine. Tous les ouvrages qu’il a publiés depuis vingt-cinq ans ne sont que l’application des principes dont il s’est rendu maître en ce consciencieux travail de ses débuts. Il y aura parfois des fautes, il y aura des défaillances ou des emportemens regrettables, suivant les chances de l’inspiration et les vicissitudes de la vie publique ; le poète pourra oublier les conseils qu’il s’est donnés si loyalement à lui-même dans les plus belles pages des Poèmes évangéliques, il oubliera qu’il a dit :

Sois doux et patient même à l’heure où nous sommes,
Demande à Dieu pardon d’avoir maudit les hommes.

Cependant, à ne juger que l’ensemble, ce sont les principes élaborés dans Psyché, dans les Odes et Poèmes, et définitivement fixés dans les Poèmes évangéliques, qui resteront la règle de sa vie.

Le premier des ouvrages auxquels s’applique cette remarque en justifie l’exactitude avec une précision particulière. L’élévation philosophique, l’amour enthousiaste de la nature, la pureté du sentiment religieux, ces trois choses que M. de Laprade avait développées séparément dans les trois grandes œuvres de sa jeunesse, il en fait cette fois un simple et harmonieux accord. Toutes ces inspirations s’unissent, toutes ces voix chantent ensemble. Le poète a donné à son recueil le vrai titre qui lui convient, il les appelle des Symphonies : symphonies pour le fond, car l’homme et la nature, naguère célébrés à part, y apparaissent dans le même chant, sous le même regard de Dieu, — symphonies pour la forme, car il s’agit de compositions toutes nouvelles où une pensée philosophique, religieuse, morale ; se déroule comme une scène dramatique, où plusieurs voix se répondent tour à tour, où l’homme interroge la nature, on la nature a ses échos dans le cœur de l’homme, où Dieu