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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 31.djvu/852

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d’une vingtaine de bâtimens, dont deux cuirassés, portant en tout cent quatre-vingt-deux canons. En cas de guerre, cette petite flotte se quadruplerait, se décuplerait rapidement au moyen des bâtimens marchands armés en corsaires et montés par les matelots grecs, qui sont les plus habiles et les plus audacieux caboteurs de la Méditerranée. — La religion de l’état est celle de l’église grecque d’Orient, catholique orthodoxe, dont le siège est à Constantinople. L’église de Grèce est unie dogmatiquement à celle de Constantinople, mais administrativement elle ne relève que d’elle-même. Gouvernée par un synode de cinq évêques, elle exerce des droits souverains. Il y a en Grèce trente et un évêques. Ils sont payés par l’état, mais les simples prêtres ne sont point payés et doivent vivre du casuel. C’est dire qu’ils vivent de peu, car le pays est pauvre, et le Grec ne donne pas facilement. On attribue à la misère l’état d’ignorance et d’abaissement du prêtre grec, souvent réduit à tendre la main, et on s’occupe de remédier à cette situation. Il y a aussi quinze cents moines dans les couvens de la Grèce. C’est parmi eux que se recrute le haut clergé, d’abord parce que naturellement les moines sont célibataires, tandis que les desservans sont mariés pour la plupart, — or le mariage est interdit aux évêques, — ensuite parce qu’au nombre des moines, il se trouve quelques hommes instruits.

L’instruction publique est le chapitre sur lequel le gouvernement grec mérite le plus d’éloges. En Grèce, l’instruction est obligatoire, laïque et gratuite à tous les degrés. L’enseignement supérieur comprend quatre facultés : de théologie, des lettres, de droit, de médecine. L’enseignement secondaire est donné dans les gymnases et les écoles helléniques, qui sont au nombre de cent cinquante-quatre. Les écoles primaires enfin dépassent onze cents. Si on ajoute cent établissemens privés, on aura le chiffre de près de quinze cents établissemens d’enseignement, et on comprendra le proverbe grec, dont les Hellènes sont si fiers à juste titre : « En Grèce, un village sans maître d’école est aussi rare qu’une vallée sans montagne. » — Tout en louant chez les Grecs cette soif de savoir et dans leur gouvernement les sacrifices qu’il s’impose pour la satisfaire, il y a sans doute à regretter la gratuité de l’enseignement à tous les degrés. En la restreignant aux écoles primaires, n’éloignerait-on pas des carrières libérales encombrées une foule de braves gens qui deviennent des médecins sans clientèle, des avocats sans cause, des hommes politiques toujours en disponibilité, et qui auraient fait de bons cultivateurs et d’habiles ouvriers ?

Les finances sont le talon d’Achille de la Grèce. La fortune publique, il est vrai, s’accroît chaque année par un travail plus a#-tif et par une production plus vive. Mais, les dépenses de l’état augmentant au fur et à mesure de ses recettes, l’équilibre du