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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février 1879.

Les événemens vont vite et devancent souvent toutes les prévisions, on en conviendra. Depuis un mois des crises successives et précipitées ont transformé complètement la situation de la France. De la présidence de M. le maréchal de Mac-Mahon, de ce septennat qui a duré moins de six ans et qui a eu ses traverses, ses orages, ses épreuves laborieuses, il ne reste plus qu’un souvenir. Ce n’est plus seulement aujourd’hui la présidence de M. le maréchal de Mac-Mahon qui a disparu ; c’est le ministère qui a dirigé les affaires depuis un an, qui a préparé les élections sénatoriales et que le succès semblait fortifier, c’est ce ministère lui-même qui a été conduit à se modifier, à se reconstituer par la démission volontaire de M. Dufaure, par la retraite du ministre du commerce, M. Teisserenc de Bort, du sympathique ministre de l’instruction publique, M. Bardoux, de M. l’amiral Pothuau. En peu de jours toutes les conditions politiques de la France se sont trouvées changées par cette révolution ou cette évolution intérieure à peu près imprévue du 30 janvier qui a donné à l’état un nouveau chef, qui a fait presque aussitôt de M. Gambetta un président de la chambre des députés, en même temps qu’elle a nécessité une réorganisation ministérielle.

Et avant tout, il y a un point à noter parce qu’il est une garantie, parce qu’il est à l’honneur de tout le monde, de la raison universelle, des institutions, du président de la république qui est sorti de l’Elysée comme du président de la république qui y est entré : c’est que ces transformations soudaines et inattendues se sont accomplies aussi régulièrement que possible. M. Jules Grévy est arrivé au pouvoir sans brigue de sa part, sans compétitions fiévreuses dans le parlement, sans agitations populaires. Il est arrivé*à ce poste éminent avec autant de simplicité que de droiture, avec le sentiment manifeste de l’importance de ses devoirs. Son premier message aux chambres est marqué de ce