gréco-massaliote. Pomponius Méla ne l’oublie pas davantage dans l’énumération des villes importantes situées sur le littoral de la Narbonnaise. Scymnus de Chio, qui écrivait probablement d’après Scylax et dont le texte donne par conséquent des indications qui se rapportent au IIe ou au IIIe siècle avant notre ère, mentionne aussi son existence entre Marseille et la ville d’Olbia, à peu près perdue, dont l’emplacement précis a donné lieu à de nombreuses controverses, mais que tout le monde s’accorde à placer dans la rade d’Hyères. Etienne de Byzance enfin, quoique beaucoup plus récent, reproduit en général dans sa géographie les données des anciens périégètes et la désigne sous le nom de Tauroïs, ville celtique, colonie massaliote.
Tous ces documens réunis ne laissent aucun doute sur l’existence et l’emplacement de la ville de Tauroentum, et, bien que l’histoire ne nous fournisse sur son compte que très peu de souvenirs, la part qu’elle prit à la guerre civile entre César et Pompée suffirait pour la sauver de l’oubli.
C’était en l’an 704 de la fondation de Rome, 49 ans avant Jésus-Christ. César, vainqueur en Afrique, en Espagne et dans les Gaules, songeait à la dictature. L’armée était partagée : Marseille tenait pour Pompée ; Tauroentum, colonie grecque, embrassa la même cause. César, après avoir échoué dans ses tentatives de séduction, vint mettre le siège devant la ville phocéenne et résolut de la réduire à la fois par terre et par mer.
La flotte était commandée par un de ses lieutenans, Decimus Junius Brutus ; celle de Pompée, sous les ordres de Lucius Nasidius, vint mouiller dans les eaux de Tauroentum. À cette nouvelle, les Massaliotes équipent à la hâte leurs vaisseaux, sortent de leur port de Lacydon et traversent pendant la nuit la croisière que Brutus avait établie au devant des petites. Stœchades (on appelait ainsi les îlots de Pomègue et Ratonneau et peut-être aussi le rocher ; du château d’If), dans la rade même de Marseille. Quelques heures après, ils avaient rejoint la flotte de Nasidius, déjà accrue des galères que les Grecs tauroentins avaient mises à sa disposition. Brutus, n’ayant pu empêcher la jonction des trois flottes ennemies, n’hésita pas à se mettre à leur recherche et vint leur offrir le combat dans le golfe des Lèques, au devant même de la ville de Tauroentum, que César désigne dans ses Commentaires sous le nom de forteresse marseillaise, castellum massaliensium, ce qui indique à la fois la solidarité qui existait entre toutes les colonies grecques et la suprématie de la principale d’entre elles, Massalia.
La flotte gréco-pompéienne se forma en demi-cercle. Les navires grecs prirent le large et formèrent l’aile droite ; les vaisseaux romains tinrent la gauche ; Brutus porta tout son effort au centre. Le