et du feu, et qui se trouvent encore mêlés à des fragmens de ces immenses vases en poterie nommés dolium, dans lesquels les anciens conservaient leurs liquides et principalement leurs huiles et leurs vins. Or on sait que la culture de la vigne, d’origine essentiellement grecque, était très répandue sur tous les coteaux abrités des vents du nord qui entourent Tauroentum. Les témoignages les plus autorisés nous apprennent, d’autre part, que la fabrication du vin chez les anciens était une opération très compliquée, et qu’on avait l’habitude de le conserver pendant un certain temps dans des chambres chauffées par la fumée. On trouve dans Garidel des détails très curieux sur les locaux destinés à cette vinification. On mettait, dit-il, le vin dans des vases bien bouchés, on les portait dans des chambres exposées au midi ; cela s’appelait l’apotheca ou le fumarium, Pline nous apprend qu’il avait établi ces dispositions dans sa villa. Le feu était allumé à l’étage inférieur, dans le sous-sol, et la chaleur et la fumée montaient au moyen de conduits de plomb, et le plus souvent de petits tuyaux en briques construits dans l’épaisseur même des murs. Le fumarium était d’ailleurs percé de quelques ouvertures qui permettaient à la fumée de s’échapper. Telles étaient les dispositions généralement adoptées dans les celliers antiques, et il est curieux de constater que cette pratique du chauffage des vins que la science moderne, sous la direction de M. Pasteur, a rajeunie et non inventée, était connue et appliquée dans toutes les villes du littoral, chez les Grecs et les Romains, dès l’origine de notre ère.
Une des preuves les plus irrécusables de l’existence d’une ville dont il ne reste plus que des ruines, c’est le nombre, la variété et la concentration des sépultures. Elles abondent à Tauroentum, et un véritable ossuarium a été trouvé au nord de la ville, rempli de débris de tombeaux de toute sorte ; les uns pauvres, faits simplement de la réunion de quelques briques plates à rebord ; d’autres plus riches, en forme d’auges, en pierre ou en marbre, et appartenant à cette catégorie de monumens funéraires que l’on appelle tombeaux apparens. Ils renfermaient des squelettes presque intacts ; les corps étaient en général orientés suivant les rites sacrés, quelques-uns cependant étaient dans la direction du sud au nord ; mais on avait eu soin d’incliner la tête de manière que le mort regardât toujours l’orient : tous étaient couchés sur le dos, les bras serrés autour du corps, ayant aux pieds ou près de la tête un vase en terre cuite renfermant des monnaies grecques ou romaines frappées à l’effigie de Marseille ou des empereurs. Deux de ces squelettes surtout étaient remarquables de conservation et tenaient encore entre leurs dents une monnaie au type d’Auguste, recouverte