qu’il pouvait continuer sa route jusqu’à Manille. Dans cette ville, des salves d’artillerie annonçaient à la population l’arrivée du bateau, les cloches de ses nombreuses églises sonnaient à toute volée, et une procession sortait de la cathédrale pour aller sur le môle recevoir, avec des chants d’allégresse, la croix et la bannière, l’heureux capitaine, l’équipage et les passagers.
A Cadix, l’arrivée des galions donnait lieu aux mêmes démonstrations religieuses. Une année, en 1740, année néfaste, un vaisseau avec sa riche cargaison était anxieusement attendu à Manille. Bientôt, les habitans atterrés apprirent qu’il était tombé aux mains, dans les parages du cap de l’Espiritu-Santo, d’un marin tout aussi intrépide que nos flibustiers, celles du trop célèbre Anson. Il y avait une valeur de 10 millions de francs à bord du galion capturé !
Les Anglais se donnèrent le facile plaisir de s’emparer deux fois de l’île Saint-Barthélemy ; la première fois sous Louis XIV, en 1689, la seconde, sous Louis XV en 1769. La proie était maigre, ils nous l’abandonnèrent sans regrets, mais ils se gardèrent bien de restituer jamais la Jamaïque aux Espagnols auxquels ils l’avaient enlevée. La raison en est simple : la Jamaïque est une des plus belles des Antilles, et avant l’abolition de l’esclavage elle en était une des plus productives.
En 1780, Gustave III, se trouvant en paix avec ses voisins, s’occupa du développement du commerce de la Suède. Il conclut d’abord avec la Russie et le Danemark ce fameux traité de neutralité armée qui eut une grande influence sur les progrès du commerce dans le nord. Aussitôt que les États-Unis d’Amérique furent parvenus à faire reconnaître leur indépendance, le roi de Suède entra en négociation avec eux, pour un traité d’alliance et d’amitié, qui fut signé à Paris, le 3 avril 1783. L’année suivante, il parut une convention entre le roi de Suède et le roi de France, par laquelle les sujets français obtinrent le droit d’entrepôt de leurs marchandises dans la ville de Gothenbourg ; en échange, l’île française de Saint-Barthélemy fut cédée aux Suédois. Tout aussitôt la ville et le port de Gustavia furent créés ; ce dernier, doté de quais magnifiques, fut déclaré port franc dans l’intention d’y attirer les vaisseaux du commerce disposés à faire un trafic régulier et même de la contrebande avec les ports anglais, espagnols et français des îles voisines. Pour que l’administration intérieure de l’île Saint-Barthélemy attirât les immigrans, sous toutes les latitudes ennemis des règlemens et des lois, on la composa simplement de six fonctionnaires : un gouverneur,