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de Saint-Barthélemy, se terminait ainsi : « Avec le drapeau qui flotte maintenant sur votre rivage, la république française vous apporte les bienfaits de ses institutions et la protection de ses lois. Tous les droits, toutes les garanties qu’elle assure aux citoyens français sont aujourd’hui les vôtres… Vous pouvez compter sur ma sollicitude la plus constante et la plus vigilante… Vous avez toujours aimé la France ; vous lui appartenez aujourd’hui par la nationalité… Unissons donc nos sentimens par ces cris : Vive la France ! vive la République ! »

Nous ne pouvons qu’applaudir comme le fit la population de Saint-Barthélemy aux paroles de M. le gouverneur de la Guadeloupe. Puisse la France, indépendamment des droits de citoyen qu’elle offre à ceux qui furent les fidèles sujets de la Suède, leur apporter des élémens d’une prospérité qui font autant défaut à notre nouvelle colonie qu’aux autres Antilles françaises. Voter pour ses conseillers municipaux, ses députés ou ses sénateurs, c’est assurément beaucoup, en France ; mais sous l’équateur, à la Guadeloupe, à la Martinique, à la Désirade et bientôt à Saint-Barthélemy, c’est moins important. Dans ces régions, il n’y a que l’homme dit de couleur qui s’occupe de politique : les blancs purs et les nègres s’en abstiennent, les premiers parce qu’ils sont aujourd’hui en minorité, les seconds parce qu’ils ne connaissent d’autre politique que celle de vivre sans travailler… Et c’est si facile dans ces contrées bénies du ciel ! Mais les élémens de prospérité que nous demandons pour les Antilles, quels sont-ils ? dira-t-on. C’est de n’avoir, comme les Anglais, pour gouverner nos colonies que des fonctionnaires civils, de délivrer le commerce de toute entrave administrative, de déclarer ports francs tous les ports ; enfin, jutant par patriotisme que pour alléger le service de notre infanterie de marine, astreindre ceux qui naissent dans une colonie française, sans distinction de caste, au service militaire. Tels seraient les moyens à employer, croyons-nous, pour ramener la vie dans ces corps épuisés que nous appelons les Antilles françaises. Mais ne nous le dissimulons pas : ces moyens ne seront appliqués, que le jour où, pour bien connaître ce qu’il faut à nos possessions d’outre-mer, il sera créé un ministère des colonies, tout à fait indépendant du ministère de la marine.


EDMOND PLAUCHUT.