la couronne pour la stricte exécution de ses décisions. Henri IV repartit que les assemblées du clergé s’étaient malheureusement montrées plus soucieuses de ses intérêts temporels que du spirituel ; qu’il aviserait dès qu’il aurait près de lui son conseil. La députation ne revint donc qu’à moitié contente. Le différend avec l’Hôtel de Ville fut arrangé à l’amiable. On convint de part et d’autre que, pour payer ce qui restait dû de l’arriéré des rentes, il serait procédé à une revente aux enchères de la portion du domaine ecclésiastique aliénée, du consentement du pape, depuis un certain nombre d’années. On devait rembourser les précédens acquéreurs, accusés d’avoir acheté ces biens à vil prix. On comptait de la sorte réaliser un bénéfice suffisant à l’amortissement d’une partie des rentes de l’Hôtel de Ville. Le clergé dut se trouver encore heureux de s’en tirer à tel prix, car le gouvernement avait été d’abord beaucoup plus exigeant. Il est vrai que celui-ci s’empressa de lui faire payer les lettres d’interdiction au parlement qu’il concédait. Il proposa à l’assemblée, afin d’en tirer un autre subside, de faire revendre, après remboursement des titulaires, les offices de receveurs particuliers des décimes qui avaient été, disait-on, naguère vendus trop bon marché. Elle accueillit assez mal cette ouverture, repoussa par deux fois la proposition et n’y souscrivit qu’après que M. de Lagrange, le commissaire royal, lui eut déclaré qu’une réponse négative offenserait sa majesté, qui, à son regret, se trouverait ainsi forcée de prendre contre le clergé des mesures extraordinaires. La clôture de l’assemblée eut lieu dans les premiers jours de juin 1596 ; elle se sépara sans avoir arrêté les comptes de Castille et conséquemment établi le chiffre exact de ce dont le clergé se trouvait débiteur envers l’Hôtel de Ville. Il fallut deux ans après, en 1598, tenir une nouvelle assemblée exclusivement en vue de cette opération. Mais l’évaluation de toutes les sommes perçues ne pouvait se faire sans inquiéter bien des intérêts, tant ceux des bénéficiers que ceux de l’Hôtel de Ville. Aussi y eut-il de part et d’autre nombre de réclamations. Castille ne put obtenir son quitus complet, et son fils, qui lui succéda, se vit sans cesse exposé aux réclamations de l’Hôtel de Ville touchant le montant des sommes qu’il avait à fournir pour le service des rentes[1]. Lors de l’assemblée de 1617 des contestations de cette nature se produisaient encore, et les députés se plaignaient de la rigueur que montraient les sieurs de la ville à l’égard du receveur général du clergé, à tout instant menacé par eux de prise de corps. Le clergé prit occasion de la réunion de 1598 pour renouveler les doléances auxquelles il
- ↑ Philippe de Castille avait été durant quarante-cinq ans receveur général du clergé, son fils François se démit de sa charge en 1621 et eut pour successeur Vincent d’Aguesseau.