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professeurs du Collège de France et du Muséum ont donc été portés de 7,500 fr. à 10,000, ceux des professeurs de l’École des langues orientales vivantes de 5,000 à 7,500, ceux des professeurs de l’École des chartes de 2,400 et 4,000 à 5,000. L’École normale n’a pas été tout à fait aussi largement traitée ; cependant on ne l’a pas oubliée. En 1874, un premier crédit avait déjà permis de distribuer ses maîtres de conférences en trois groupes et de leur allouer des émolumens proportionnels au nombre de leçons que chacun d’eux fait par semaine. Dans sa dernière session, la chambre leur a voté une nouvelle augmentation de 1,000 francs. Et elle ne s’arrêtera pas là, elle voudra faire disparaître l’inégalité choquante qui existe entre les traitemens de ces maîtres et celui des professeurs du Collège de France et du Muséum. En l’état, l’École normale, au lieu d’être un couronnement de carrière, n’est qu’une étape pour la plupart des hommes distingués qui s’y rencontrent. On ne s’y établit pas ; on la traverse. On y séjourne deux, trois ou quatre ans, en attendant une vacance à la Sorbonne ou an Collège de France ; on n’y demeure pas. Il faut sans doute attribuer ce phénomène à l’attraction qu’exercent sur beaucoup d’esprits un enseignement plus oratoire et plus brillant. Mais il a d’autres causes encore, et l’on ne croit pas se tromper en affirmant qu’une de ces causes est précisément l’état d’infériorité pécuniaire où l’on s’obstine à maintenir toute cette catégorie de fonctionnaires.

Il ne suffisait pas de relever la condition des professeurs ; on devait encore leur assurer ainsi qu’aux étudions qui étudient vraiment les espaces, les instrumens, les livres, en un mot toutes les ressources indispensables au progrès des hautes études. Or nous étions précisément sous ce rapport dans le plus lamentable dénûment. C’est à peine si nos professeurs de chimie, de physique ou d’histoire naturelle disposaient, à Paris même, de salles suffisantes à la préparation de leurs cours. « Il faut avoir vu, dit la statistique, nos locaux, il y a dix ans, pour se faire une juste idée de leur indigence. Tout nous manquait, et la Sorbonne elle-même peut se souvenir de ce qu’étaient ses laboratoires avant la création de l’École des hautes études. » Dans les départemens c’était bien pis ; il n’y existait pas avant 1868 deux laboratoires de recherches entretenus par l’état. Nos savans étaient réduits, comme le fut longtemps l’illustre Claude Bernard, à travailler solitairement chez eux, sans former d’élèves, et n’ayant le plus souvent à leur disposition qu’un misérable outillage. Cette situation avait déjà sensiblement changé dans les dernières années de l’empire, grâce à la fondation dont il vient d’être question. A l’heure actuelle, des travaux considérables s’achèvent à Paris et dans les départemens, ou seront prochainement entrepris. La faculté de médecine, qui étouffait dans