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la dépense. La marine de première classe dont nous parlons paie pour être servie vite et bien. Rien ne saurait lui être plus onéreux que les ports francs, mais mal outillés, surtout lorsqu’ils sont d’un accès difficile et long.

Quelques améliorations que l’on puisse faire à la Gironde et à la Garonne, le port de Bordeaux n’attirera jamais les paquebots en escale jusqu’à ses quais ; il ne les forcera jamais à remonter à 100 kilomètres au loin des côtes, pour s’exposer à tous les risques d’une navigation fluviale et s’asservir aux lois de la marée.

Le commerce de Bordeaux peut trouver un aliment si précieux dans les importations et les exportations des navires en escale, qu’il y aurait de l’aveuglement de sa part à les violenter en ne leur offrant pas la meilleure hospitalité. Ce serait rajeunir le vieil apologue des membres et de l’estomac. Du reste l’absolue nécessité d’un port en avant-garde dans la Gironde est si évidente qu’il est question de faire à Pauillac des installations coûteuses mais peu efficaces, alors que ces dépenses peuvent être stérilisées par l’aggravation de l’état actuel du fleuve qui clôt tout passage aux grands navires durant la période de la basse mer.

En présence des deux projets qui vont être soumis aux chambres, dont l’un donnerait un port précaire à Pauillac et l’autre un port insuffisant vers la couche de Royan, il serait sans doute opportun de mettre également à l’étude la création d’une gare maritime, sous les falaises à l’ouest de cette ville. Un tel établissement accélérerait de près d’une journée le service postal et le trajet des voyageurs se rendant à Paris, en Angleterre ou en Allemagne. Il réduirait de plus de la moitié la durée des escales, qui est actuellement de deux jours environ pour les navires remontant à Pauillac. Le gain du temps, l’économie de charbon, et par-dessus toutes choses la sécurité plus grande, auraient pour conséquence naturelle un accroissement considérable du nombre des navires venant en relâche. Nos compagnies de navigation seraient les premières à bénéficier de cet établissement, qui deviendrait l’auxiliaire le plus précieux de Bordeaux, dont il resterait toujours le tributaire.

En résumé, l’amélioration de notre grande cité commerçante de l’ouest nous paraît comporter trois termes : perfectionnement du port et extension de ses communications par chemins de fer et par canaux avec les grands foyers d’activité industrielle du centre de la France, de la Suisse et de l’Alsace la regrettée, avec Limoges, Montluçon, Lyon, Saint-Etienne, Bâle et Mulhouse ; dégagement des accès vers la mer, création d’une gare maritime pour solliciter et favoriser les relâches des paquebots passant au large de notre côte de l’Océan. Tout en fournissant un utile appoint aux