Le 21 février, M. de Bismarck s’est plaint avec amertume au parlement du malin plaisir que semblent trouver ses adversaires en le mettant en contradiction avec lui-même, dans le dessein avoué de diminuer l’autorité de ses opinions et de son caractère. Il adressait surtout ce reproche à M. Eugène Richter, c’est-à-dire à celui de ses ennemis politiques qui lui inspire la plus vive antipathie. Le chancelier de l’empire germanique est si peu maître de ses nerfs et de l’aversion qu’il ressent pour M. Richter qu’il lui arrive quelquefois de quitter la salle des séances quand l’éloquent orateur progressiste se dispose à prendre la parole, et d’attendre pour y rentrer qu’il ait quitté la tribune. Comme M. Richter par le beaucoup et souvent, M. de Bismarck doit se tenir toujours prêt à vider la place, et ses fréquentes allées et venues divertissent la chambre.
C’est d’une question économique qu’il s’agissait dans la discussion du 21 février, et M. Richter venait de rappeler que M. de Bismarck s’était converti de fraîche date au protectionnisme, que jadis il s’était montré favorable à la liberté commerciale, qu’il avait été un chaud partisan du traité de commerce conclu avec la France en 1862. M. de Bismarck, qui cette fois consentit à lui faire l’honneur de lui répondre, s’empressa de répliquer que le traité de 1862 n’était pas son œuvre, qu’il l’avait