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LA
MARINE DE L'AVENIR
ET
LA MARINE DES ANCIENS

V.[1]
LE RAPPEL D’ALCIBIADE.


I.

Entre la fin du règne de Louis XIV et notre orageuse époque, on compte aujourd’hui cent soixante-quatre ans ; Marathon et Chéronée sont à peine séparés par un siècle et demi d’intervalle. De Marathon à Chéronée, vous ne trouverez ni une bataille de Marengo, ni une victoire d’Austerlitz ; Issus et Arbèles appartiennent au règne d’Alexandre. C’est une heure triste et grave que celle où les peuples s’en vont. Il est, nous ne le savons que trop, dans la destinée de toute chose humaine de finir, mais il semble que le sort devrait au moins de nobles funérailles à ces nations privilégiées auxquelles il fut donné d’être tout à la fois l’emblème de l’héroïsme et le flambeau de l’univers. Cette faveur dernière d’une belle mort ne fut pas accordée à la Grèce ; les dieux l’avaient condamnée d’avance à se dissoudre dans de misérables querelles intérieures. La guerre du

  1. Voyez la Revue du 1er août, du 15 décembre 1878, du 1er février et du 1 er mars 1879.