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de la 25e demi-brigade, Brunet, et de sa personne reste à celle du centre avec le général de brigade Leval. Les deux colonnes de droite et de gauche avaient ordre de déborder les ailes de l’ennemi et de les tourner ; la colonne du centre était chargée de l’attaquer de front. Toutes ces dispositions s’exécutent avec le plus grand ensemble : partout on entend battre la charge, partout on voit les colonnes gravir des hauteurs presque inabordables, partout enfin on voit déployer la plus grande audace et la plus grande intrépidité ; l’ennemi oppose à cette attaque la plus vigoureuse résistance, mais enfin la baïonnette triomphe, et des charges de cavalerie, exécutées à propos et avec valeur, achèvent sa défaite, qui bientôt se change en déroute la plus complète…

« Le combat ne dura que deux heures, mais il fut d’autant plus vif et plus sanglant pour l’ennemi. On ne vit jamais infanterie marcher et attaquer avec plus d’ardre, et jamais cavalerie mépriser davantage la grande supériorité de son ennemi… »


La jonction des armées de l’archiduc Charles et de Wartensleben obligea l’armée française à se replier de nouveau, malgré une nouvelle victoire remportée par Kléber à Uckerath.


« L’ennemi est venu à deux heures du matin nous attaquer dans la position que j’occupais avec une vivacité qui ne m’a pas permis de lui refuser la bataille. J’ai donc promptement pris toutes les mesures pour devancer et me procurer l’avantage de l’offensive. Tandis que l’artillerie se canonnait de part et d’autre, j’ai vite disposé trois colonnes…

« Mon attaque a été brusque ; l’ennemi en désordre m’a abandonné les hauteurs où il voulait s’établir et une pièce de sept qu’il avait renversée. Bientôt des troupes fraîches se sont avancées ; leur cavalerie s’est alors ralliée et se portait sur notre droite et notre gauche. J’ai cru prudent de ne point m’avancer davantage ; j’ai ordonné la retraite. L’ennemi se portait sur moi avec des troupes que les plus modérés font monter à quarante mille hommes. Les bataillons de grenadiers hongrois, toute l’élite de leur infanterie et la colonne qui avait débouché sur Wetzlar renforçaient l’armée du prince de Wurtemberg. La cavalerie était innombrable. Les troupes sous mes ordres ont fait des prodiges de valeur ; elles en ont imposé par leur contenance fière, puisqu’on me laisse tranquille dans la position que j’occupais, et où il m’a paru sage de revenir… »


Aux félicitations que le directoire lui avait envoyées pour le complimenter de ses succès, Kléber répondit :


« Freilingen, 17 juin 1796.
« Citoyens directeurs,

« Guidé par un grand maître, secondé par le zèle infatigable des