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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 33.djvu/207

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surtout quand on est en présence d’une dette comme la nôtre et qu’on n’a pas le courage de s’imposer extraordinairement pour l’éteindre en peu d’années, comme ont fait les Américains; et en fait d’amortissement, il n’y a d’efficace que celui qui est lié à l’engagement lui-même et qu’on ne peut pas détourner de sa destination.


IV.

Donc pour toutes ces raisons, si la conversion du 5 pour 100 se fait, et nous croyons avoir démontré qu’elle est nécessaire, elle devra se faire en 3 pour 100 amortissable. Maintenant une autre question se présente, celle de la durée de l’amortissement. En combien de temps amortira-t-on le nouveau fonds? Si on était en face d’une situation très prospère, nous dirions que la durée la plus courte sera toujours la meilleure. Dans un moment de concurrence universelle, où chacun s’applique à réduire le plus possible ses frais de production, l’avenir appartient aux états qui auront le moins de dette; parce qu’ils auront plus de facilité de produire à bon marché. Il y a quelques années, on avait eu l’idée dans notre pays de créer un fonds remboursable en trente ans pour payer certaines dépenses d’utilité publique. Ce laps de temps parut trop court, la charge de l’annuité était trop lourde, et comme en définitive les dépenses qu’il s’agissait de faire profitaient au futur plus encore qu’au présent, on étendit le délai, et les obligations trentenaires devinrent remboursables en soixante-quinze ans. Ce délai est assurément bien long, et il eût été désirable qu’on pût l’abréger un peu. Si la conversion était faite avec une réduction de 1 pour 100 d’intérêt, l’économie serait de 74 millions. En en affectant 57 à l’amortissement on éteindrait la dette en soixante ans et on laisserait encore 17 millions de disponibles. Mais ce serait une innovation; il faudrait modifier le précédent qui vient d’être créé avec la rente amortissable en soixante-quinze ans, il vaut peut-être mieux se rallier purement et simplement à ce précédent et proposer la conversion en 3 pour 100 amortissable en soixante-quinze ans. L’amortissement alors n’absorbera qu’une annuité de 34 millions, laissant libre une économie annuelle de 40, dont on pourrait se servir immédiatement pour dégrever les impôts. Que peut-on dire contre la conversion ainsi proposée? Craindrait-on qu’elle ne réussît pas et que le public préférât son remboursement à ce qu’on voudrait lui donner en 3 pour 100 amortissable? Cette crainte serait fondée, si on ne lui offrait que l’équivalent de 100 francs; alors le moindre caprice, la moindre oscillation dans les cours