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ter, les frais diminuer. Erreur, illusion ; considérez ces chiffres : En 1865, nous possédions 77 lycées, comptant 32,630 élèves et recevant en moyenne une subvention de 22,331 francs. Nous en avons aujourd’hui 81, qui comptent 40,995 élèves. La moyenne de la subvention a-t-elle diminué ? Bien au contraire, elle a plus que doublé. Elle s’est élevée pour 1876 à 48,320 francs par lycée. Ainsi, non-seulement la réduction qu’on pouvait espérer en raison de l’accroissement des recettes n’a pas été obtenue, mais les charges se sont accrues dans des proportions considérables. Ainsi, loin d’être une source de revenus, la suppression des établissemens appartenant à des congrégations non autorisées constituerait une nouvelle charge pour nos finances. Une augmentation de moins d’un quart dans le nombre des élèves a nécessité un accroissement de plus de moitié dans la moyenne des subventions accordées à nos lycées. Si, par suite du vote de l’article 7, les 20,000 jeunes gens qui fréquentent en ce moment les écoles congréganistes venaient à passer dans nos lycées, il faudrait immédiatement quadrupler la subvention, sans compter les millions qu’on devrait mettre aux bâtimens. Tel serait, au point de vue budgétaire, le résultat le plus clair du vote de l’article 7. Et qu’on remarque bien que notre argumentation porte uniquement sur l’enseignement secondaire. En ce qui concerne l’enseignement primaire, nous ne possédons malheureusement que des données incomplètes. Mais qui ne sait le rôle important que jouent les congrégations non autorisées dans cet ordre d’enseignement ? Qui ne sait avec quelle abnégation les membres de certaines communautés religieuses se vouent aux plus rudes tâches ? Si M. le ministre de l’instruction publique était un peu moins nouveau dans le métier, il saurait qu’où l’on ne trouve pas toujours d’instituteurs et d’institutrices laïques pour aller s’établir à 1,500 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans nos départemens alpins et pyrénéens, par exemple, l’administration n’est jamais à court de congréganistes. Ils vont là sous la neige, comme ils allaient du temps du siège ramasser nos blessés sous les balles ; c’est leur fonction de se dévouer.

Dans le seul département de l’Aveyron, — nous empruntons ce chiffre à l’état des congrégations publié par le gouvernement en 1876, — il n’existe pas moins de 25 congrégations de femmes non autorisées, qui comptent 1,142 membres voués à l’enseignement. Comment les remplacera-t-on ? Où trouver le personnel et les millions qu’il faudrait pour séculariser l’enseignement ? La république a déjà plus que doublé le budget de l’instruction publique. Chaque année les dépenses augmentent de ce chef dans des proportions considérables ; chaque année les besoins sont plus nombreux, plus