facile qu’il se raccordât. Il n’admet pas que ce désaccord brutal ait pu se produire l’escalier existant, et il en conclut que celui-ci dans son entier est de date postérieure à l’établissement de la domination romaine. Tout cela peut être discuté, mais vient d’un esprit logique qui envisage les questions avec fermeté. Au point de vue de l’effet du monument lui-même, nous serions volontiers de l’opinion de M. Lambert, qui pense que les Propylées plantés directement sur le rocher devaient avoir un plus grand aspect que soutenus par l’escalier monumental dont on ne les a pas séparés jusqu’ici. Prise en elle-même, cette considération est fondée sur une observation juste ; l’ordre dorique posé comme à nu sur le sol prend une majesté et une élégance suprêmes ; et ceux qui, sans avoir visité la Sicile ou la Grèce, ont vu la Walhalla du côté de la montagne se rendront aisément compte de ce que cette idée a de fondé.
Laissons donc M. Lambert pénétrer dans l’Acropole par cette route naturelle, couronner en passant les murs par des balustrades de marbre, et suivre Pausanias pas à pas. Qu’il rétablisse sur sa route les édifices tels qu’ils étaient, qu’il y ajoute même, soit qu’il complète le dallage de leurs enceintes, soit qu’il achève certaines de leurs parties que l’antiquité avait laissées imparfaites ; qu’après avoir ainsi rendu leur figure aux temples de Minerve Brauronia et de Minerve Erganè, et fait une station prolongée au Parthénon, il arrive à l’Érechthéion, dont il analyse, discute et coordonne les élémens variés : c’est à merveille, car nous goûtons à chaque pas l’exquise beauté des édifices et le charme de leur douce polychromie. C’est dans le voisinage du temple d’Érechthée que M. Lambert place la maison des Erréphores. Il paraît avoir retrouvé dans ses fouilles des soubassemens qui posent sur le rocher. Entre un mur qui touche à la maison des prêtresses et la fortification, on voit comme une petite cour d’où part un escalier aujourd’hui fermé et qui conduit directement au pied du rocher du côté de la ville. Cet escalier paraît être celui qui est connu sous le nom d’escalier de l’Aglaurion. Ces dispositions répondent bien à ce qu’exigeaient, suivant Pausanias, les fonctions des Erréphores, et nous trouvons très plausible la restitution de M. Lambert. On peut y voir une découverte.
Il n’est personne dont l’attention ne s’éveille au seul nom de l’Acropole d’Athènes. L’Acropole est un sanctuaire de l’esprit. On s’y intéresse ; on y porte une passion religieuse. Voilà pourquoi nous insistons sur le travail de M. Lambert. Dans son ensemble, il offre une harmonie heureuse. On a vu quelles sont les questions qu’il soulève : nous ne les discutons pas. Mais on ne saurait assez louer la manière sobre, précise, élégante dont les dessins sont exécutés. Le tracé en est pur ; le lavis délicat. Aucune fantaisie pittoresque,