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à l’économie. Présentées sans explications, le public ne peut que leur montrer de la froideur : il ne les comprend pas bien, il ne peut les comprendre. Pour déchiffrer ces œuvres, il faudrait connaître au moins sommairement les besoins auxquels elles ont à satisfaire. Et pourtant les questions qu’elles tendent à résoudre sont d’un intérêt social ; leur solution importe à tous. Le public, qui en entend parler tous les jours, ne demanderait pas mieux que de les connaître : et l’on néglige un moyen sensible de l’en instruire.

Les monumens honorifiques nous font entrer dans un autre ordre de considérations. De ces monumens les uns, comme celui que Saint-Maixent élève au colonel Denfert-Rochereau, sont destinés à perpétuer le souvenir de l’héroïsme, sous son aspect le plus résistant ; les autres ont le caractère funéraire, comme celui qui met si bien en honneur le buste d’Edmond Adam et comme le tombeau de Michelet. Nous sommes heureux de constater que ce dernier se présente sous la forme d’un petit modèle en plâtre : on en voit l’ensemble sous tous les aspects ; il est bien étudié et fait honneur à M. Pascal. Il serait à désirer que l’on pût montrer plus souvent au public de ces projets en relief, et que ce fût une habitude de les exposer. Par malheur celui-ci est mêlé à la sculpture. La place réservée à l’architecture est si restreinte qu’elle ne pourrait recevoir ces modèles, pour peu qu’ils fussent importans. Convient-il de limiter ainsi la manifestation du premier des arts ? Si nous ne faisons erreur, l’administration est aujourd’hui en mesure de recouvrer une partie du Palais de l’Industrie qui avait été affectée à divers usages : déjà trois salles ont été ajoutées à l’exposition de peinture. Nous faisons des vœux pour qu’un grand salon pris sur des locaux devenus disponibles soit affecté à donner à l’exposition d’architecture la place qui lui convient.

Il nous resterait à parler des intéressantes études décoratives de M. Bruyère et de M. Benouville, nous ne pouvons que les citer : et nous ajouterons un dernier mot.

Le Salon constitue si bien, dans l’opinion, les assises générales de l’art que de jeunes artistes encore engagés dans les études ou venant à peine de les achever n’hésitent pointa, se produire à l’exposition. Voici d’abord M. Adrien Chancel avec un vaste projet de cathédrale. C’est un édifice d’un style composé et qui ne manque pas d’aspect. Par l’abondance des élémens décoratifs qui entrent dans sa composition, il montre un talent déjà nourri et il témoigne en même temps de l’esprit libéral qui préside aux études à l’École des beaux-arts. Voici M. Michelin, qui nous présente un casino au bord de la mer, travail qui, si nous ne nous trompons, lui a mérité un prix de l’Institut. Enfin nous rencontrons divers projets qui ont valu à