dudit journal de fonctionner en y apposant les scellés. L’imprimeur est enjoint d’exécuter cet ordre, sauf par lui d’être mis en état d’arrestation. Fait à l’Hôtel de Ville, salle du conseil de la commune de Paris ; par ordre : Général E. Duval, Raoul Rigault. » Le Figaro et le Gaulois subirent le même sort ; les fédérés s’emparèrent des bureaux de rédaction, de l’imprimerie, y campèrent comme sur la brèche, et par ce premier acte de violence démontrèrent de quoi ils ne tarderaient pas à être capables. À cette brutalité terroriste, les hommes du comité central joignirent un commentaire qui indique des illusions bien étranges ou une révoltante hypocrisie. Le premier numéro du Journal officiel paru le 20 mars contient un avis à la presse : « Les autorités républicaines de la capitale veulent faire respecter la liberté de la presse ainsi que toutes les autres. Elles espèrent que tous les journaux comprendront que le premier de leurs devoirs est le respect dû à la république, à la vérité, à la justice et au droit qui sont placés sous la sauvegarde de tous. » La question était de savoir si la république, la vérité, la justice, le droit étaient à Versailles ou à l’Hôtel de Ville. Dans un pays bouleversé par les révolutions comme le nôtre, où le plus fort finit toujours par devenir le plus légal, le problème offrait quelques difficultés. La solution ne s’en trouva qu’après deux mois de tuerie.
Les journaux qui avaient quelque souci de leur dignité et du salut de la France ne se laissèrent point intimider par les périls qui les menaçaient et qu’ils n’ignoraient pas. Ce sera leur honneur d’avoir protesté contre les infamies révolutionnaires que le comité central, maître momentané d’un pouvoir abandonné, imposait à Paris. Vingt-huit journaux insérèrent, le 21 mars, une note identique pour engager les électeurs à ne point répondre à la convocation absolument illégale qui leur était adressée par les intrus de l’Hôtel de Ville. Ceux-ci le prennent de haut ; il n’y a rien de tel que l’exercice du pouvoir et surtout du pouvoir usurpé pour modifier les idées des gens. Ces hommes qui, sous tous les régimes, sous tous les gouvernemens, avaient poussé des cris de geai, lorsqu’on ne leur avait pas reconnu le droit d’injure, de délation et de calomnie, n’admettent pas qu’on les discute ; du même coup, ils se déclarent infaillibles et inattaquables ; ils ne sont que grotesques : « Le comité central entend faire respecter les décisions des représentans de la souveraineté du peuple de Paris, et il ne permettra pas impunément que l’on y porte atteinte plus longtemps en continuant à exciter à la désobéissance à ses décisions et à ses ordres. Une répression sévère sera la conséquence de tels attentats, s’ils continuent à se produire. » Quelle sera cette répression ? quel tribunal