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ligne d’eau, de 19m,30 au plafond ou fond du bassin, et 8 mètres de tirant d’eau ; ces dimensions, comme celles qui ont été données pour le canal du Darien, ont dû paraître insuffisantes : elles ne pouvaient convenir à des vaisseaux marchands d’un fort tonnage, et nous comprenons que M. A.-P. Blanchet ait voulu modifier le tracé américain dans le projet qu’il a soumis au congrès de Paris en 1874, projet dont nous donnerons l’analyse en même temps que nous ferons connaître ceux de MM. Wyse et A. Reclus. La dépense totale des travaux que MM. Lull et Menocal préconisent serait évaluée à un chiffre relativement modéré, 335 millions de francs ; mais, si l’on voulait établir un canal avec des dimensions pratiques comme celui du canal de Suez, les frais d’exécution dépasseraient assurément 500 millions. Malgré ce chiffre, qui ne peut effrayer lorsqu’on songe à ce qu’a coûté l’ouverture de l’isthme égyptien, malgré de trop nombreuses écluses, les conclusions formulées par la commission ont été favorables au tracé par le Nicaragua.

Il est indispensable de citer ici ces conclusions de la commission américaine, déposées dès 1875 entre les mains du président Grant :

1° La route connue sous le nom de route de Nicaragua, commençant du côté de l’Atlantique à Greytown, s’étendant par canal jusqu’à la rivière San Juan, suivant cette navigation libre jusqu’au lac de Nicaragua, traversant le lac jusqu’au Rio del Medio, et de là rejoignant par canal le Rio del Brito sur la côte du Pacifique, possède, pour la construction et l’entretien d’un canal, de grands avantages, et offre moins de difficultés au point de vue des travaux de l’ingénieur, comme au point de vue commercial et économique, qu’aucun des autres tracés reconnus praticables par des études suffisamment détaillées pour en faire apprécier les mérites respectifs. 2° Le point culminant de cette route, le lac de Nicaragua, doit être retenu à une altitude permanente de 33 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette hauteur sera atteinte par le moyen de quatre barrages sur la rivière San Juan, de dix écluses du côté de l’Atlantique, et de dix écluses sur le versant du Pacifique. La distance totale du terminus de Greytown à celui de Brito est de 181,33 milles. Sur cette distance, la division atlantique de Greytown à San Carlos sur le lac de Nicaragua comprend 108,05 milles dont 63 milles par navigation et 45,05 milles par canal. Le point culminant entre les deux versans comprend 56,05 milles par le lac de Nicaragua, de San Carlos à l’origine de San Juan, jusqu’au Rio de Medio. La division du versant du Pacifique comprend 16,33 milles par canal de l’embouchure du Rio de Medio jusqu’à l’embouchure du Rio del Brito. Les dimensions des écluses projetées sont de 400 pieds par 70, avec 26 pieds de profondeur d’eau. Des ports artificiels devront être construits à Brito et à Greytown, et, bien que celui de Greytown présente des