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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 34.djvu/874

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anciens divisaient le massif des Alpes gauloises à partir du Saint-Gothard en quatre sections dont les trois premières étaient les Alpes pennines, comprises entre le col de La Furca et celui de la Seigne, les Alpes Grées ou rocheuses qui allaient jusqu’au Mont-Cenis, les Alpes cottiennes, qui se terminaient au Mont-Viso. Ces Alpes cottiennes doivent leur nom à l’existence d’un petit chef de tribus, Cottius ou Cottus, qui, retranché dans ses âpres montagnes, refusa seul de se soumettre à César. Mais il finit par s’adoucir, se montra sensible aux avances d’Auguste et fut très fier d’être appelé son ami. Pour faire preuve de bon vouloir, il consentit à raccourcir et à améliorer les routes. C’est à lui et aux petites cités rangées sous ses ordres que l’on doit le remarquable monument de Suse, arc dédié à l’empereur Auguste, et où Cottius prend le titre de préfet. Claude acheva de gagner ses bonnes grâces en arrondissant son domaine et en lui conférant le titre de roi. Mais à sa mort son royaume fut réduit en province romaine. Ce qui n’empêcha pas de désigner longtemps le territoire qu’il avait gouverné par le nom de Regnum Cottii, comme une espèce de royaume d’Yvetot alpestre et sans que cela tirât à conséquence. Plus au sud se trouvaient encore les Alpes maritimes, où passèrent Hasdrubal et Pompée. Les Romains s’empressèrent de substituer des routes carrossables aux sentiers informes qu’ils avaient trouvés dans les Alpes, mais la route du Mont-Genèvre demeura toujours la plus suivie.

Le Jura comptait moins de passages que les Alpes. Avant la conquête, il n’y en avait que deux qui permissent de passer de l’Helvétie dans le reste de la Gaule, au sud le célèbre défilé du Pas-de-l’Écluse, au nord la trouée de Belfort. Les Romains percèrent une route de Vesontio (Besançon) à Avenches par Pontarlier et Yverdun, c’est-à-dire en grande partie sur la ligne que suit aujourd’hui le chemin de fer dit franco-suisse. Quant aux Cévennes, qui n’ont pas non plus changé de nom, plus d’un ancien géographe étendait leur chaîne jusqu’au-delà des montagnes d’Auvergne. A propos de ces dernières, une découverte encore récente a jeté un jour curieux sur l’origine du nom du Puy-de-Dôme, qui intriguait tant nos archéologues. Les fouilles pratiquées au sommet de cette montagne pour l’établissement du nouvel observatoire ont mis à découvert de vastes substructions qui ont été reconnues pour être celles d’un temple de grandes dimensions. Il était question de ce temple dans un passage de Grégoire de Tours, qui raconte qu’en 258, sous le règne de Valérien et de Gallien, une invasion d’Alamans incendia et détruisit dans le pays de Clermont un temple célèbre que les habitans appelaient en gaulois Vasso (lieu consacré). Or ce temple était celui de Mercure Arverne et renfermait une statue colossale de ce dieu qu’Élien déclare dépasser en grandeur tous les colosses