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UN ESSAI
DE
GOUVERNEMENT EUROPÉEN
EN ÉGYPTE

II.[1]
LA CHUTE DU MINISTÈRE EUROPÉEN ET DU KHÉDIVE.


I.

L’organisation du ministère européen en Égypte reposait sur des contradictions plus apparentes que réelles, mais dont il était difficile de ne pas être frappé au premier abord. En confiant le pouvoir à Nubar-Pacha et à ses collègues, Ismaïl-Pacha avait nettement exprimé l’intention d’abandonner l’autorité absolue dont il avait joui jusque-là ; il avait même condamné les abus du despotisme avec cette emphase de langage qui a fait si souvent illusion sur la fermeté de ses résolutions. Mais il s’était bien gardé de dire dans quelle mesure il se soumettrait désormais aux règles étroites d’un régime constitutionnel. Personne ne savait donc ni où commençaient ni où finissaient les droits et les attributions des nouveaux ministres. Ce qui rendait la solution du problème presque inextricable, c’était l’impossibilité pour ces ministres de trouver tout de suite, en dehors du khédive, un point d’appui résistant. Comme nous l’avons déjà fait observer, il n’existe en Égypte qu’une force politique : le despotisme du vice-roi ; ou plutôt il y en a deux : le despotisme du vice-roi et la puissance de l’Europe, représentée

  1. Voyez la Revue du 15 août.